Les œuvres composites à l’avant-plan

Le New Yorker, par un article de David Denby (via Arts and Letters Daily), discute de la question des trames narratives interrompues et entrelacées au cinéma : «The New Disorder. Adventures in Film Narrative ».

Fascinant de voir qu’une problématique de projet de recherche trouve à se croiser de façon aussi explicite avec la critique…

Some of the directors may be just playing with us or, perhaps, acting out their boredom with that Hollywood script-conference menace the conventional ?story arc.? But others may be trying to jolt us into a new understanding of art, or even a new understanding of life. In the past, mainstream audiences notoriously resisted being jolted. Are moviegoers bringing some new sensibility to these riddling movies? What are we getting out of the overloading, the dislocations and disruptions?

Denby propose une revue cinématographique, de Dali (Un chien andalou) jusqu’à Pulp Fiction, montrant comment nous nous sommes habitués à cette technique de la désorganisation temporelle, passage de l’avant-garde artistique aux films grand public (même hollywoodiens). Il étudie le phénomène Babel, pour y voir finalement l’absence d’ouverture propre à l’art :

The Arriaga-Iñárritu films, for all their structural innovations, are closed, even overdetermined, forms?puzzle boxes. All the pieces are there to be put together in our heads, but the rich ambivalence of art somehow slips away as we reconstruct the way one thing connects to another.

Ce qu’il reste à éclaircir, de mon point de vue, c’est l’assimilation de procédés apparentés à une seule forme d’expérimentation : tous les films composites, tous les romans composites ne bousculent pas leur temporalité selon les mêmes modalités, ni avec les mêmes résultats. Syriana n’est pas Babel, et encore moins Pulp Fiction

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La fiction, le réel, la frontière

Les coïncidences révèlent parfois autant que les recherches approfondies (ça et les intuitions, c’est le même genre de facilité…).

En parcourant rapidement la liste (bien garnie, c’est la rentrée) des nouveautés diffusées par Vigilibris, j’ouvre presque au hasard les pages de quelques nouveautés. Se retrouvent ainsi côte à côte le dernier Alexandre Jardin (qu’a-t-il pu bien faire encore, celui-là) et un essai de Pierre Jourde (celui de La littérature sans estomac, envoyé solidement à la figure des contemporains).

Quelle coïncidence? L’accusation forte de ce jeu éminemment contemporain (dans sa prégnance) sur la frontière entre réel et fiction, non plus sur le mode de l’autofiction, où le plaisir est dans le travestissement et dans la conscience du jeu, mais dans le brouillage (chez Jardin), dans l’esquive de la fiction par le biais d’autres modes de relation au réel (ce que Jourde désigne de son côté par l’authenticité). Ai hâte de m’y attaquer (le second davantage que le premier, tiens).

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Mises à jour

Quelques lectures parallèles, quelques nouvelles en vrac :

– décès, hier, de Paul Ricoeur (philosophe déterminant du XXe siècle en littérature, histoire et phénoménologie en général); quelques liens : article du Libé (et une biblio); voir aussi l’article de Marielle Macé (sur Fabula);

– parution récente du troisième volet de l’art romanesque de Kundera, Le rideau (après L’art du roman et Les testaments trahis); voir la critique de Scarpetta dans Le monde diplomatique; on ne s’étonnera pas de lire, comme mention générique, « essai en sept parties »…

– ajouts à mon blogroll: if:book (un carnet en lien avec The Institute for the Future of the Book) et lafeuille (actualité de l’édition et de l’édition électronique).

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Littérature russe, XXIe siècle

Il faut avouer que je ne connais rien à la littérature russe. Je me réjouis néanmoins de constater qu’on porte attention à la pratique littéraire extrêmement contemporaine ? à titre d’exemple, ce colloque sur les cinq premières années de la littérature russe du XXIe siècle.

Je me réjouis, mais ce choix pose une question d’histoire littéraire : la périodisation fondée sur les balises chronologiques (cette désormais mythique année 2000) a-t-elle un sens dans la période contemporaine ? Si l’on a déjà bien de la difficulté à déterminer les balises de la période contemporaine en littérature (différentes selon les corpus nationaux : 1980 au Québec, 1950-60 en France?), que peut signifier le XXIe siècle de ce point de vue ?

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Université populaire – cours de littérature contemporaine

Beau projet, il me semble, que celui de l’Université pop qui se tient à Nantes. Au Lieu unique, des rencontres entre des universitaires qui se prêtent à l’enseignement hors du contexte académique pour un grand public, lecteurs et amateurs de littérature. Le programme est impressionnant (même s’il semble tenir en grande partie à la collaboration imposante de Bruno Blanckeman).

Au menu cette année : Patrick Modiano, Hervé Guibert, Sylvie Germain, Roland Barthes, Hélène Cixous, Christine Angot.

Renseignements et programme complet ici.

(via Fabula)

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