Ouvrir un chantier commun : sur un projet en digital humanities

Le colloque de la Society for Digital Humanities a été pour moi l’occasion de présenter les orientations qui ont guidé la mise en place du projet DÉCALCQ et du Laboratoire Ex situ. J’ai produit une version rédigée des notes qui m’ont servi à la présentation, disponible ici ; laprojection électronique est également accessible.

L’idée même de la diffusion des sources, des archives documentaires des projets de recherche sur la littérature et la culture québécoises est au cœur de cette réflexion, depuis les logiques qui s’affrontent au moment de gérer cette documentation jusqu’aux usages et enjeux qu’elle appelle. Dépôts institutionnels, valorisation des sources, open access, numérisation — bref, une certaine conception des digital humanities y est exprimée. Et bien du travail reste à faire pour modifier les perceptions et changer les usages.

(photo: « Construction Corner », mugley, licence CC)

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Séditions : les points aveugles du territoire éditorial

sédition

En périphérie du colloque « Édition et sédition aujourd’hui », nous organisons, Patrick Tillard et moi, une table ronde sur les enjeux de la marginalité éditoriale, de ses points aveugles et de ses zones franches. Bienvenue à tous !

Table ronde « Séditions. Les points aveugles du territoire éditorial »

Avec :

François Bon, écrivain / éditeur, publie.net

Jean-François Chételat, Robert ne veut pas lire

Richard Gingras, librairie Chercheur de trésors et revue Steak haché

Normand Landry, doctorant à McGill sur les SLAPP

Nicolas Langelier, P45

Jasmin Miville-Allard, Conspiration dépressionniste

Bernard Sanschagrin, librairie L’insoumise

Table ronde animée par René Audet et Patrick Tillard.

L’événement se tient dans les locaux du Laboratoire NT2, à 17h30.

(405, boul. de Maisonneuve Est, local B-2300 ; métro Berri-UQAM)

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Édition et sédition aujourd’hui : acteurs, techniques, enjeux

Colloque que je coorganise à l’ACFAS vendredi 14 mai, conjointement avec Patrick Tillard. Inscription à l’ACFAS (dite) obligatoire.

Édition et sédition aujourd’hui :
acteurs, techniques, enjeux

Vendredi 14 mai 2010

Université de Montréal, pavillon Marie-Victorin, salle A544

Responsables

René AUDET, Université Laval

Patrick TILLARD, Université Laval


La sédition et l’édition se sont toujours côtoyées dans l’histoire du livre. La sédition utilise le texte pour s’opposer à l’État, à ses institutions, à son idéologie ; elle appelle à la révolte mais aussi au contournement de la voie officielle. « Samizdat », « Dazibao » et littérature clandestine du XVIIIe siècle ont suscité de nombreuses analyses, mais la sédition à l’époque contemporaine est moins connue. Cette ignorance, peut-être faussée par l’évidence quasi impassible du territoire littéraire officiel, évacue sa propre dévalorisation et les répercussions des tensions sociales sur son territoire. Pourtant, des formes de sédition dénoncent l’aveuglement de la pensée éditoriale actuelle ; elles dévoilent les rigueurs de la législation éditoriale et contestent la médiatisation littéraire.

André Schiffrin rappelle que si le contrôle de la parole des gigantesques multinationales issues de spectaculaires rapprochements limite effectivement la liberté d’expression, l’édition est particulièrement concernée. Sommée de privilégier la rentabilité plutôt que la liberté critique et créatrice, l’édition annonce à terme la défaite de l’écrit. La globalisation idéologique et économique dénature les idéaux liés au livre (l’humanisme de la Renaissance, la démocratie et l’esprit de résistance et d’investigation des Lumières) pour servir une domination qui « peut et doit maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre décor » (Guy Debord).

Les espaces de contestation, lorsqu’ils ne sont pas dévalués par des emballages chatoyants, se réduisent dangereusement et encouragent simultanément à la clandestinité. Il ne sera pas surprenant de trouver ailleurs des tentatives pour affirmer le sens perdu de mots pétrifiés. Parfois dans des cercles et des territoires marginalisés ou libertaires, ou dans une culture parallèle qui cherche ses marques, coexistent des sentiers littéraires (poésie, théâtre, fictions, essais) où des textes tentent de penser subversivement un réel qui échappe.

Livres, plaquettes, brochures dépourvus d’ISBN et de dépôt légal, production photocopiée ou impri-mée, puis diffusée dans des réseaux informels, dans des rassemblements de contestations, sous le manteau de quelques librairies, ou bien textes divers et blogs du Web, la sédition se manifeste sans se structurer dans des formes et une inventivité neuve comme si les langages rédigés s’articulaient en occupant des espaces laissés vides, oubliés, mais fourmillants de vie. La capillarité de ses réseaux informels remplace-t-elle l’ancien réseau d’imprimeurs clandestins, de colporteurs et de libraires identifiés par Robert Darnton dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle ? À leur tour, les publications sur le web permettent-ils une véritable internationalisation de cette littérature ? Diversité culturelle et transnationalité peuvent devenir des éléments dynamisant en termes de réception et d’échanges.

Quels sont alors les enjeux de la subversion qui se cherche et qui se construit dans ces anfractuosités ? Quels sont ses thèmes et ses objets ? Et quels piliers affronte-elle ?

Le support (numérique, livre) permet-il de donner un sens et un écho nouveaux à cette « littérature clandestine », à cette littérature qui se revendique plus libre et se veut débarrassée des contraintes professionnelles et de l’encadrement législatif ?

Qu’exprime la subversion enclose dans ces textes par rapport à la littérature, à sa capacité de représenter et réfléchir le monde ?

Enfin, pourquoi une certaine qualité de sédition interpelle-t-elle le territoire éditorial ? Sous quelles façons et que refusent-elles en lui ?

Programme :

Séance de la matinée : « Nouveaux positionnements, nouvelles prises de parole »

Présidence/animation : René Audet, Université Laval

9h00 — Patrick TILLARD, Université Laval

Ordre et territoires de l’édition contemporaine

9h30 — Alain DENEAULT, UQAM

L’accès à la justice comme condition d’accès à la parole publique

10h30 — Paul ARON, Université libre de Bruxelles

La mise au net favorise-t-elle la sédition? Le cas des revues littéraires en ligne

11h00 — François BON, écrivain / éditeur publie.net

De la littérature comme éco-système, et de ses conséquences numériques

Séance de l’après-midi : « Institution, marge et écriture »

Présidence/animation : Patrick TILLARD, Université Laval

13h30 — Marie-Andrée BERGERON, Université Laval

Variations du discours des féministes québécoises : De Québécoises deboutte ! (1971) à www.jesuisfeministe.com (2008)

14h00 — Jean-Benoît PUECH, écrivain / Université d’Orléans

L’Inédiste infidèle

15h00 — Dominic HARDY, UQAM

« Just watch me » : l’artiste pluridisciplinaire Dennis Tourbin (1946-1998) et la Crise d’Octobre au Canada

15h30 — René AUDET, Université Laval

Synthèse du colloque : quelles manifestations, quelle importance de la sédition aujourd’hui ?

*** Addenda (10 mai) : Jean-Benoît Puech ne pourra être présent au colloque pour des raisons personnelles.
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Lire autrement, raconter autrement

(Frustration ce matin : quelques lignes intéressantes d’un article sur le site de Dreaming Methods — mais obligation d’hachurer les lignes pour les relancer dans la twittosphère, en plus l’un des envois refuse d’être publié… Le blog a ses avantages.)

Dreaming Methods, lieu de création assez stimulant pour la fiction numérique-interactive, a donné naissance à des œuvres fascinantes — Inside. A Journal of Dreams en reste probablement l’exemple le plus clair, notamment avec cette nostalgie du livre qui se trouve incarnée puis dépassée.

Outre le fait que DM rend disponible le code pour l’une de ses mises en scène du texte dans l’espace  (écho ici), l’équipe met en ligne un « What about books ? » qui sert d’énoncé d’orientation. Ayant comme chapeau la phrase « Digital fiction is a different type of reading experience altogether. », ce texte prend position sur l’expérience à créer en fiction numérique.

Dreaming Methods is interested not only in trying out new ways of writing fiction, but presenting new and challenging ways to approach reading it.

Prônant un mélange du texte et de l’image, du texte et de l’animation, Dreaming Methods soutient une conception de l’œuvre qui assume son caractère intersémiotique — le sens étant supporté par différents médias / techniques / arts. Si les réflexions récentes ont plutôt eu tendance à ramener le livre dans son carcan textuel (hormis certaines exceptions), ce choix esthétique et artistique trouve ici à s’incarner de façon réussie et forte. Et la volonté de poursuivre dans cette voie s’exprime dans l’explicit du texte, qui enfonce le clou d’une façon non équivoque :

Textual narratives are approached by Dreaming Methods as a key part of the multimedia mix rather than as the absolute central backbone purposely open-ended, ambiguous, short, fragmentary and are often additionally considered to be a powerful visual element: blurred, obscured, transient, animated, mouse-responsive.

Reading from the screen is not the same as reading from the page, and being able to fully read-to-the-end and/or completely understand (or even properly see in some cases) the streams of text within Dreaming Methods projects is not considered a requirement for a piece to « work ».

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Envie d'aller voir ailleurs

ailleursEnvie de diversifier les interlocuteurs académiques, envie de discuter d’autres problématiques, envie de voir les enjeux sous un autre angle, envie de changer de langue (aïe)…

[période de réflexion]

Jeudi, je vais voir ailleurs. C’est le jour des Digital Humanities, lancé l’an dernier par Geoffrey Rockwell.

Une famille existe là, les liens sont d’un autre ordre, les connivences sont codées. Reste à voir si les cousins sont réellement sympathiques…

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