Un message récemment envoyé sur la liste Humanist, par son animateur Willard McCarty, place bien, il me semble, les enjeux propres à l’intégration de l’informatique dans des disciplines comme les études littéraires.
Le problème, en l’occurrence, se pose dans la circonstance où les premiers acteurs du joint venture entre littérature et informatique deviennent les formateurs d’une seconde génération, celle-ci étant spécialisée dans la nouvelle discipline que devient l’informatique appliquée à la littérature. Légitimant à la fois cette discipline et perdant un peu plus le lien avec la discipline-mère (en raison de la charge de nouveaux apprentissages à assimiler, du décentrement des domaines d’intérêt…), cette seconde génération en viendrait à créer une rupture difficilement récupérable entre la première génération et les suivantes ? c’est le propos de Geoffrey Rockwell que McCarty cite au début de son article :
Ironically, in making a discipline in our image through formal curricula we are engendering practitioners that may close the discipline to those like us who took the self-study road. Therein lies a rupture.
Faut-il en déduire que cette approche des études littéraires par l’informatique est vouée à une dimension utilitariste, l’informatique devant toujours rester un outil, celui de l’artisan qui décide de bricoler le bout de code lui servant à faire avancer plus vite sa recherche ?
Mais par ailleurs, la surspécialisation n’est-elle pas le lot (que je ne cherche pas à justifier ? c’est une observation) de toutes les disciplines… ? Autrement dit, les études littéraires, finalement, ne sont-elles pas une spécialisation « à outrance » des humanités telles qu’expérimentées dans les siècles passés ? L’autonomisation des études littéraires est-elle une caution, par son « succès », d’autres développements par spécialisation, dont l’informatique littéraire pourrait être un exemple ? La question reste ouverte.
Pour mémoire, vous trouverez ici copie du message de W. McCarty :
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