Google Print: holà!

La précipitation conduit à une pause… révision de la stratégie :

We think most publishers and authors will choose to participate in the publisher program in order to introduce their work to countless readers around the world. But we know that not everyone agrees, and we want to do our best to respect their views too. So now, any and all copyright holders – both Google Print partners and non-partners – can tell us which books they’d prefer that we not scan if we find them in a library. To allow plenty of time to review these new options, we won’t scan any in-copyright books from now until this November.

Il semblerait que les pressions des principaux fournisseurs, les éditeurs, les ont convaincu d’adopter le principe du dialogue plutôt que la dynamique du bulldozer. Reste à voir (si la chose est connue) quelle incidence cette démarche aura sur la disponibilité et la participation des éditeurs au projet alexandriesque de Google.

(via if:book)

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Ramener à soi (qu'est-ce que l'interdisciplinarité ?)

Une discussion a eu lieu sur la liste Humanist à propos de la tendance, en régime interdisciplinaire, à tout ramener à soi, à lire une autre discipline à partir des repères d’une discipline première. Willard McCarty entamait la réflexion à partir d’une citation de Lubomir Dolezel :

The contemporary researcher is engaged in a losing struggle with the information explosion. The struggle is especially desper-ate in interdisciplinary research, where no one can master all the published literature in all the special fields. As interdisciplinary investigations become more and more necessary, they become more and more difficult. An easy way out of this difficulty is to interpret the problems of other disciplines in terms of one’s own. This practice is typical of quite a few humanists and theorists of literature. While claiming to cultivate interdisciplinarity, they give philosophy, history, and even natural sciences a « literary » treatment; their complex and diverse problems are reduced to concepts current in contemporary literary writing, such as subject, discourse, narrative, metaphor, semantic indeterminacy, and ambiguity. The universal « literariness » of knowledge acquisition and representation is then hailed as an interdisciplinary confirmation of epistemological relativism and indeterminism, to which contemporary literati subscribe. (« Possible Worlds of Fiction and History », NLH 29.4 (1998): 785-809)



McCarty ajoute lui-même, quelques messages plus tard, cette idée du centre, qui tend à présenter les choses dans une autre perspective :

As for the baggage, for the limitations of being centred somewhere, I think of the ancient formula, « centrum ubique, circumferentia nusquam », « centre everywhere, circumference nowhere », or as Northrop Frye said in On Education, « It takes a good deal of maturity to see that every field of knowledge is the centre of all knowledge, and that it doesn’t matter so much what you learn when you learn it in a structure that can expand into other structures » (1988: 10).

Comment envisager ce regard sur une autre discipline ?

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Weblogs as Literature

Une autre tentative d’analyse des carnets du point de vue littéraire (ce n’est pas récent ? août 2004 ?, mais ça mérite d’en garder une trace).

Steve Himmer, « The Labyrinth Unbound: Weblogs as Literature », Into the Blogosphere: Rhetoric, Community, and Culture of Weblogs, Ed. Laura J. Gurak, Smiljana Antonijevic, Laurie Johnson, Clancy Ratliff, and Jessica Reyman, 2004. (via Mark Bernstein)

L’exercice est toujours intéressant ? hum, pas nécessairement celui de l’analyse, mais de la lecture des paramètres d’analyse (de quelle façon on justifie l’objet, de quelle façon est évaluée la littérarité, etc.).

Calling a weblog ?literary? does not require content that is about literature or even content that aims to be literature. It is not an attempt at categorizing one weblog and its author as more worthwhile in a canonical sense than any other. To the contrary, I propose that every weblog can be considered literary in the sense that it calls attention not only to what we read, but also to the unique way we read it.

Qu’on refuse le critère de la discussion thématiquement littéraire, ça va bien (étonnant tout de même de voir qu’on convoque ici les paramètres habituellement associés à l’essai, genre éminemment ambigu du point de vue de sa littérarité). Mais qu’on se concentre sur la seule lecture (sur la régie de la lecture des carnets) pour évaluer la littérarité du carnet, c’est postuler que la littérarité n’existe qu’en dehors du texte, sans aucune considération pour le style, pour le ressort narratif, pour le plaisir du texte. Je suis mal placé pour reprocher ce recours à la perspective lecturale, mais il me semble par trop radical ici. Posture d’autant plus étonnante qu’elle se fonde sur l’idée de potentialité (en convoquant Aarseth mais surtout l’OULIPO).

Sinon, parmi les autres pistes de réflexion, signalons celle du temps (oeuvre inachevée, marquée par le passage du temps) et surtout celle de l’autorité, qui revient ici avec force :

he weblog neither inherently supports abstract national mythologies or the overarching power of an almighty: the hand of the maker is always visible, but, unless the author/maker intends otherwise, glorifies only itself.

It seems appropriate to end with that mention of authorial intentions, because as much diversity as there is among weblogs, at root they are all guided by those particular, individual intentions: without the hurdle of editors, publishers, and corporations between writers and ?publication? in some form or another, weblog authors are able to write exactly what they want to, in exactly the way they prefer.

Retour donc sur la sacro-sainte liberté du créateur, ici défait des contraintes extérieures… n’est-ce pourtant pas naïf de prétendre à la liberté totale? que faire des balises imposées par le support numérique (attentes spécifiques des internautes, course à l’originalité, attentes de citations croisées, de liens vers d’autres sites)? que faire du lourd bagage des antécédents littéraires, ne serait-ce que le domaine tout de même bien exploré de la fiction de soi?

Si le carnet échappe à l’encadrement imposé par la marchandisation de la littérature, il n’échappe pas à la littérature elle-même.

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Google Print (suites)

Le site L’atelier propose une synthèse des enjeux liés à Google Print et à ses projets compétiteurs (notamment la proposition française).

Le moindre des avantages du projet Google, c’est de brasser la cage des initiatives locales qui se développaient sans trop de conscience du réseau au sein duquel elles prennent place.

Par ailleurs, reste toujours le débat (trop peu mis de l’avant, à mon sens) de l’orientation de la numérisation (et qui teinte justement ce panorama offert par L’atelier) : produisons-nous une numérisation en bloc, sans critère de sélection autre que la disponibilité (oeuvres du domaine public) ou allons-nous vers des ressources spécifiques, dédiées à des usages bien précis ? Il me semble que les deux initiatives ne sont pas contradictoires, mais leurs visées (leurs moyens, leur encadrement) sont bien distinctes…

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Google Print: bibliothèque ou librairie ?

Il est pertinent de publiciser cette petite phrase, aveu même de la bouche (main) des gestionnaires de Google Print:

Google Print is a book marketing program, not an online library, and as such your entire book will not be made available online unless you expressly permit it.(source)

Évidemment, Google devient bibliothèque selon le bon gré des éditeurs ? qui eux seuls décideront si les ouvrages qui ne sont pas du domaine public pourront être disponibles en entier. Mais la logique commerciale sous-tend néanmoins cette entreprise: Google veut se constituer en une bibliothèque des plus importantes, certes, mais il (elle?) offre d’abord ses services en fonction d’une relation d’affaires (et non par grandeur d’âme ? qui en aurait douté?). Publicisant les ouvrages de certains éditeurs, Google Print retire en échange une notoriété et un capital symbolique certains.

Bref, quelle différence entre Google Print et la fonction « Search inside » d’Amazon? Aucune, sinon que Google ne vend pas de livres (pas encore!).

(source: if:book)

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