Tentative de veille numérique

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Ca faisait longtemps que je me disais qu’il y avait sûrement moyen de faire une veille simple de la documentation scientifique sur la littérature contemporaine. L’idée d’avoir à tout repiquer me semble de plus en plus anachronique. Comment automatiser le plus possible ?

Tentative ici de bricolage : je mets un signet dans Diigo avec un tag spécifique ; je repique le RSS du tag pour l’inscrire dans un wiki qui permet de visualiser les feeds rss… tout simplement ? oui… reste à être fidèle à l’habitude de capturer les infos repérées au passage.

Vous pouvez suivre la page (vraiment moche graphiquement, oui…) pour voir les nouveautés, ou encore vous abonner au RSS des sections qui vous intéressent (ou consulter la page sur Diigo pour chacune de ces sections). Commentaires bienvenus (voire propositions de personnes intéressées à contribuer à cette veille).

(photo : « loupe et lettres », alainbachellier, licence CC)

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Une heure ou deux pour la lecture et l'écriture

musclesDifficile de résister au besoin de faire connaître la douce folie énergique de Dave Eggers. Observation 1 : les enfants dans les écoles publiques bénéficieraient tellement d’avoir ne serait-ce qu’une heure par semaine dans un rapport un-à-un avec un enseignant ou un tuteur. Observation 2 : nombreuses sont les personnes plus ou moins directement liées au monde de l’éducation, de la lecture et de l’écriture (journalistes, rédacteurs, écrivains, professeurs, communicateurs), qui ont souvent l’avantage d’un horaire flexible.

Proposition : les rassembler pour promouvoir la lecture et l’écriture, dans un mouvement de maillage école/communauté. Que ces professionnels donnent une heure ou deux pour accompagner des jeunes dans leur appropriation du langage. Et tout ça dans un esprit pas du tout sérieux… Boîte de rédaction (édition, magazine) qui achète un étage d’un édifice, décide de faire un local pour du tutorat, mais est obligé de vendre quelque chose pour avoir pignon sur rue — pourquoi pas une boutique d’accessoires pour pirates ?

Once upon a school. Fallait y penser, et y mettre l’effort.

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Dessiner le DÉCALCQ, premiers traits

logoLes morceaux (administration, ressources humaines, espaces de travail) tombent tranquillement en place. Ca démarre donc tout aussi tranquillement, mais là, décidément, ça va vers l’avant. Un centre de recherche sur la littérature et la culture au Québec prend conscience de ses fonds documentaires, des outils développés, des stocks de fiches / articles / références / grilles d’analyse entreposés par les chercheurs à Québec, à Montréal, dans des universités participantes. Trouver à saisir ces fonds documentaires, les structurer, les pérenniser, les diffuser. Voilà le (gigantesque) objectif que se fixe le CRILCQ, à travers le projet DÉCALCQ : Dépôt électronique et vitrine de consultation des archives en littérature et culture québécoises. Et je prête mon intérêt pour la technologie et les enjeux de diffusion pour mener la barque.

Le DÉCALCQ constitue le projet central (mais pas unique) du « Laboratoire Ex situ. Études littéraires et technologie », mis en place grâce à une subvention d’infrastructure sur quatre ans. Principale thématique : les outils pour la recherche et la diffusion des savoirs en SHS. Moyens modestes, temps disponible limité (puisqu’en parallèle de recherches sur la littérature contemporaine et la théorie du récit), mais néanmoins : plateforme d’expérimentation, qui se lie à des projets apparentés (NT2, CLÉO, etc.).

Les prochains billets seront l’occasion de lancer les problématiques sensibles interpellées par le projet DÉCALCQ : logiciels de dépôts institutionnels, opposition entre dépôts institutionnels et dépôts thématiques, droit d’auteur et diffusion en ligne, protocoles d’interopérabilité, pérennité du référencement des documents numériques… Le projet est complexe, tentaculaire. Il s’alimente toutefois aux enjeux actuels posés par les politiques d’open-access, par le livre numérique, par les projets de numérisation, par Google Books tiens… Vos suggestions, remarques et encouragements seront les bienvenus!

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Perdre Goliath dans les nuages (surcoucher Google Books ?)

J’ai traversé, comme plusieurs, la synthèse précieuse d’Olivier Ertzscheid (sur affordance.info) à propos de Google Books. Bien des enjeux me dépassent (et nous dépassent). Mais j’ai accroché sur un point précis, qui relance mes réflexions périodiques sur la fonction de filtre dans la sphère internet et l’interface que constituent les chercheurs dans le rapport avec le savoir.

L’obstacle du Good Enough

Dans son article, Ertzscheid rappelle bien le principe gouvernant la numérisation et, de façon plus spécifique, l’établissement des métadonnées liées aux documents numérisés. Il a été démontré par plusieurs, et avec force, que les erreurs sont nombreuses, voire endémiques dans les métadonnées constituées par Google Books. Si le commun des mortels s’en balance un peu (hum, beaucoup), la communauté scientifique reste préoccupée, en raison de la précision déficiente des renseignements, de la perspective tronquée sur le corpus numérisé… Mais plusieurs s’en remettent à l’idée que c’est mieux que rien — c’est là ce que résume d’Ertzscheid.

Il poursuit néanmoins en y voyant là un enjeu politique (au sens large) :

La question est de savoir si ce rêve que l’humanité poursuit depuis son origine, c’est à dire offrir à tous et en un même lieu l’ensemble des connaissances disponibles, si ce rêve aujourd’hui à portée de souris doit se satisfaire d’un « pas trop mal » et d’un « mieux que rien ». A chacun de se déterminer. Mon avis ? Mon point de vue est qu’il faut se servir de la formidable opportunité offerte par Google pour renforcer le rôle de la prescription et de la médiation publique du savoir et de la connaissance. Je ne parle pas ici de prescription « publique » par opposition à une prescription « privée » mais bien par rapport à une prescription « commerciale ». Si le politique (cf supra) ne relève pas ce défi c’est sans ambage et sans lyrisme déplacé la mort programmée de la diversité culturelle, et peut-être même celle de l’éducation à la diversité. Pour le reste, cessons de rêver : on ne contrera plus Google sur la numérisation ni même sur le commerce des livres.

La résignation gagne les troupes : c’est David contre Goliath, et Goliath a vaincu sur un plan — le caractère massif de son aire d’occupation du territoire. Personne (ni même la BNF) n’arrivera à sa cheville en volume et en vitesse de numérisation. Mais l’insatisfaction reste, tant du point de vue des droits (le combat se poursuit) que du point de vue de la qualité de la documentation produite/rendue accessible. D’où cet appel à une prescription publique.

Une métadonnée en chasse une autre (la complète, en fait)

La question reste donc de définir cette prescription publique : il ne s’agit pas, comme le laisse comprendre Ertzscheid, de politiques et de lois, mais d’action collective. Au delà de l’utopie première, comment donner forme à cet engagement pour contrer Goliath ?

La question se pose plus facilement du point de vue technique et scientifique. Le problème de Google Books, notamment (!), c’est en quelque sorte de ne pas perdre des données (des volumes entiers) dans le néant… Tout bibliothécaire vous le dira : un livre mal classé ou mal indexé peut être perdu à jamais. C’est un cas extrême, mais néanmoins envisageable dans le spectre des erreurs liées aux métadonnées des livres numérisés. De façon plus commune, c’est de ne pas pouvoir accéder au livre recherché parce que mal associé (mauvais tags attribués), c’est d’avoir une information fautive sur un livre. Et « Google, tout en étant conscient de ces erreurs, « ne considère pas leur rectification comme prioritaire » » souligne Ertzscheid, à la suite de Geoffrey Numberg ; n’imaginons pas que G. nous laissera davantage jouer dans ses codes et nous laisser les rectifier.

À défaut d’agir directement sur la source du problème, pourrait-on la contourner ? Je m’amuse là à émettre une pure hypothèse (on voudra bien me dire si techniquement c’est réalisable). Il s’agirait d’ajouter une surcouche de métadonnées à Google Books, lesquelles seraient exactes, validées et utilisables par le discours scientifique. Par un effort commun, nous pourrions constituer une interface normalisée gérant les métadonnées de la documentation scientifique, laquelle serait accessible dans Google Books dans un second temps. Comme tous les volumes sont basés sur des protocoles standardisés (à tout le moins le classique ISBN), il serait aisé d’offrir des outils permettant d’interfacer GBooks… Par Zotero, par OpenLibrary, voire par LibraryThing, des communautés scientifiques pourraient surcoucher Goliath, et ainsi le laisser se perdre dans ses nuages. GBooks resterait évidemment une couche obligée (dépositaire du contenu numérique convoité), mais on n’y accéderait que dans un second temps, pour obtenir ce contenu brut.

Des limites, pour sûr : pas nécessairement accès aux requêtes dans les textes (encore que…), pas d’accès direct à la banque d’indexation, mais tout de même : la possibilité de gérer l’information, de baliser l’accès, de filtrer la documentation. Car l’enjeu s’y trouve : si les bibliothécaires se prêtent à la mutation de leurs fonctions, c’est tout à fait là qu’ils se trouvent — interface / filtre qui permet d’accompagner des usagers, des chercheurs, des lecteurs dans leur exploration du monde du savoir.

Hypothèse futile ? projet utopique ? Surcoucher Google Books, ce serait lui ajouter le fini qui lui manque (voire la crédibilité qui lui manque en contexte scientifique) : beau rêve, qui refuse la simple démonisation du projet (et l’hypocrisie d’un usage une fois le dos tourné) ; utopie collective à explorer… sous cette forme ou sous une autre.

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Québec Horizon Culture, suite et f…

1287662990_162da7a35a_mC’était hier. Très largement, l’événement avait l’allure d’une grand-messe — même si quelques figures ont tenté d’insuffler une dynamique carnavalesque à la rencontre. Beaucoup d’annonces, d’argent, plusieurs plaidoyers, souvent un même discours : soutenir à tout prix. Difficile d’être contre la vertu… Quelques observations, à titre de post mortem :

– ce gros show de chaises avait la principale qualité de susciter un show de coulisses : les gens se sont parlé, des rencontres ont pu être provoquées, des hasards ont placé les uns et les autres sur des trajectoires convergentes ; il faut rendre à l’événement ce bénéfice de favoriser le réseautage, car la très large partie des participants présents étaient du milieu culturel (et non strictement du milieu des affaires) ;

– le ton des interventions (dites planifiées ou spontanées, quelle différence ?) était variable, de l’auto-congratulation des quelques personnes d’affaires présentes (qui, en ayant les moyens de leur support, ne pouvaient rien faire d’autre que d’étaler leurs moyens…) aux demandes d’aide des autres, d’annonces de projets déjà bien ficelés à celles d’initiatives qui ont pu être financées sur-le-champ, par la magie de l’événement ;

– qui était invité ? la question reste difficile à répondre : de toute évidence, c’est le champ restreint de la création culturelle et artistique qui était visé, au sens le plus restreint — exit les musées, les institutions d’enseignement, les fonds de recherche… —, et encore, avec une touche bien sentie du côté du techno-culturel (d’où le cri des gens de l’univers du cirque, de la chanson et du disque, pour ne penser qu’à eux) ; c’est une vision bien ciblée de la culture qu’on a privilégiée — peut-être le fallait-il ? mais encore aurait-il été prévenant d’être plus explicite ;

– qui était là ? bien des gens n’ont pas été appelés à la barre (forcément pour des raisons liées à une vision, cf. paragraphe précédent) ; toutefois, je crois que le post mortem de l’organisation devrait s’inspirer d’un examen minutieux des organismes représentés dans l’assistance : bien des gens (et par là des organismes) étaient présents, constituant des antennes pour les secteurs a priori non invités, en périphérie de la conception étroite de la création culturelle et artistique… en soi, l’intérêt et la participation de ces gens témoignent de l’envergure de l’événement, et de ses retombées possibles — pourquoi ne pas commencer par aller chercher les commentaires, les suggestions, les perceptions, les idées de ces participants, et de là entamer le dialogue souhaité ?

– enfin, je me désole de la présence fantomatique de l’Université Laval : quelques rares têtes repérées dans l’assistance, une présentation trop peu engagée/concrète/inspirée de sa direction (où les statistiques de diplomation avaient valeur d’argument), absence des secteurs arts, littérature et culture dans cette planification de l’horizon de la ville — aussi bien continuer à croire que le campus n’appartient pas à cette ville.

Je me réjouis enfin de la place réservée à la littérature — je ne me faisais pas d’illusion… Mais le dynamisme de Gilles Pellerin et de l’équipe de l’Institut canadien / Gabrielle-Roy a permis de faire émerger ce volet de la culture, a priori peu versé dans le techno-culturel (il n’y a vraiment que le titre de G@brielle-Roy 2.0, qui ne me plaît guère, qui laissait croire à cette filiation techno). Une chance que les acteurs municipaux sont là pour insuffler une vitalité à la littérature dans la cité.

 

(photo : « The Ivory Tower is Covered in Ivy », Billie/PartsnPieces, licence CC)

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