Écrire avec le numérique : inverser la posture muséale ?

Si l’on conçoit l’exposition muséale comme une double opération — rassembler des artefacts du réel puis en construire un récit qui permette de les contextualiser, de les interpréter et de les replacer dans un parcours —, l’écriture numérique ne pourrait-elle pas être considérée comme la posture inversée ? Mettre en place un récit, une description d’une expérience du réel où les artefacts (vidéo, photos, références encyclopédiques ou liens vers journaux/télé/web) viennent s’y trouver médiatisés, mis à distance, fictionnalisés ?

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2 réflexions au sujet de “Écrire avec le numérique : inverser la posture muséale ?”

  1. Je ne vois pas précisément le lien (antinomie: expo vs écriture numérique) qui est fait ici car l’exposition relève en effet de deux (2) opérations (collection d’objets et discours conséquent). En d’autres termes, elle est récit et série, mais dans un rapport mixte et entrelacé où l’objet n’est pas à lui seul le déclencheur du récit puisque c’est souvent le récit qui commande tel ou tel objet et ordonne sa séquence (position) dans le parcours. Par contre, l’objet peut parfois à lui seul provoquer un récit mais ça demeure une vue de l’esprit car le plus souvent, dans le réel de cette pratique culturelle, l’organisation de la matière est d’abord et avant tout un acte intellectuel où la construction du récit a préséance sur tout, même sur la muséographie. Philippe Dubé, muséaste

  2. Merci Philippe de ta réaction. Je crois, tu me diras, qu’on s’entend sur la nature du lien entre objets et discours dans le cadre d’une exposition. Mon propos visait plutôt à décrire la mouvance actuelle de la littérature en contexte numérique (par opposition au contexte muséal).

    Le discours sur le réel, la dimension biographique de divers textes, la référentialité de plusieurs œuvres littéraires — bref la mise en littérature du réel s’accompagne très fréquemment (et de façon beaucoup plus marquée qu’en littérature publiée sur papier) d’une mobilisation de ressources externes issues du réel : vidéos du quotidien relayés par YouTube, photos rassemblées sur Flickr, liens vers d’autres textes/blogs/sites/articles en ligne… toutes ressources qui se trouvent à appuyer la fiction et, dans une certaine mesure, à y basculer.

    À ce compte, la question qui se pose peut-être avec plus d’incidence est le pouvoir de fictionnalisation du récit mis en place dans une exposition… jusqu’à quel point les objets mobilisés par le récit se trouvent-ils arrachés à leur contexte réel et fictionnalisés pour répondre aux impératifs de ce récit, qui est déjà pour une part une construction de l’esprit ?

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