Deux avenues virtuelles pour la dissémination du savoir (suite)

(À la suite d’un renvoi de Sébastien Paquet à mon article, je reprends ici mon commentaire qui précise un peu l’état de ma réflexion.)

Il le connaît de nom [je parlais de Jean-Claude Guédon], comme tous les intervenants sur littérature et informatique qui aient quelque peu suivi l’évolution des modalités d’insertion de la recherche scientifique sur le net…

Au-delà du personnage, au-delà des réalisations passées (fondamentales, au sens où elles ont fondé quelque chose), la question de l’ancrage entre la recherche scientifique universitaire dans le domaine des humanités et les modalités offertes par les nouveaux médias demeure pour moi encore très problématique. Deux secteurs existent, aux antipodes l’un de l’autre:

– les travaux menés par des activistes du humanities computing (des lecteurs plus ou moins distraits de la liste Humanist au groupe dynamique autour du projet TAPOR, par exemple). C’est le royaume de l’informatique au service de l’analyse, mais où le transfert des résultats bruts vers le contexte d’analyse premier demande un travail significatif de transposition et de réinterprétation ? bref, l’intégration des résultats et leur mobilisation efficace supposent une dose de bon jugement…

– les calques de la réalité documentaire papier (toute la question de la migration des revues savantes sur le web, notamment, question que j’abordais ici). Ici, c’est une conception soft de la numérisation qui intervient, les modes d’appréhension des possibilités du numérique étant calqués sur ceux du monde actuel.

Ce qui me paraît déterminant, c’est l’absence de zone intermédiaire ? c’était le constat qui ressortait après ma petite excursion signalée ici. Où sont les modes de coopération? plutôt: où sont les gens prêts à travailler conjointement grâce aux possibilités offertes par les nouveaux médias? il ne faut pas se leurrer: les volontaires se comptent, en littérature au Canada, sur les doigts des mains de Guédon, de Seb et de moi-même…

Bref: oui il faut avancer dans les possibilités techniques pour les chercheurs dans les humanités, mais il ne faut pas oublier à qui elles sont destinées (ni comment les leur faire apprivoiser). L’appropriation est la phase capitale, et pourtant trop négligée. Le marteau sans menuisier est inutile; il faut favoriser l’apprentissage, possiblement par des personnes ou des outils qui auront le rôle de passeurs.

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