Humanities Computing : une tierce discipline par nécessité ?

Un message récemment envoyé sur la liste Humanist, par son animateur Willard McCarty, place bien, il me semble, les enjeux propres à l’intégration de l’informatique dans des disciplines comme les études littéraires.

Le problème, en l’occurrence, se pose dans la circonstance où les premiers acteurs du joint venture entre littérature et informatique deviennent les formateurs d’une seconde génération, celle-ci étant spécialisée dans la nouvelle discipline que devient l’informatique appliquée à la littérature. Légitimant à la fois cette discipline et perdant un peu plus le lien avec la discipline-mère (en raison de la charge de nouveaux apprentissages à assimiler, du décentrement des domaines d’intérêt…), cette seconde génération en viendrait à créer une rupture difficilement récupérable entre la première génération et les suivantes ? c’est le propos de Geoffrey Rockwell que McCarty cite au début de son article :

Ironically, in making a discipline in our image through formal curricula we are engendering practitioners that may close the discipline to those like us who took the self-study road. Therein lies a rupture.

Faut-il en déduire que cette approche des études littéraires par l’informatique est vouée à une dimension utilitariste, l’informatique devant toujours rester un outil, celui de l’artisan qui décide de bricoler le bout de code lui servant à faire avancer plus vite sa recherche ?

Mais par ailleurs, la surspécialisation n’est-elle pas le lot (que je ne cherche pas à justifier ? c’est une observation) de toutes les disciplines… ? Autrement dit, les études littéraires, finalement, ne sont-elles pas une spécialisation « à outrance » des humanités telles qu’expérimentées dans les siècles passés ? L’autonomisation des études littéraires est-elle une caution, par son « succès », d’autres développements par spécialisation, dont l’informatique littéraire pourrait être un exemple ? La question reste ouverte.

Pour mémoire, vous trouverez ici copie du message de W. McCarty :

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Close Reading New Media

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Nouvelle parution, même pas encore sur les tablettes… Belle variété de propositions! Hâte de lire les autres textes du collectif.

Jan Van Looy et Jan Baetens (dir.), Close Reading New Media. Analyzing Electronic Literature, Leuven University Press, 2003, 185 p. ISBN: 90 5867 323 5

Description détaillée et table des matières ici : http://www.culturalstudies.be/closereadingnewmedia/

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The One vs. the Many

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Nouvelle parution sur la place des personnages dans le roman : la piste suivie semble tout à fait originale, conjuguant la poétique du roman (et la théorie de la fiction ?) à des considérations fondamentalement narratives.

Alex Woloch, The One vs. the Many. Minor Characters and the Space of the Protagonist in the Novel, Princeton UP, 2003, 416 p. (ISBN: 0-691-11314-9)

The One vs. the Many develops a powerful new theory of
characterization, based on how narratives distribute limited
attention among a crowded field of characters. Moving beyond
the entrenched positions that have long framed inquiries
into this question, Woloch demonstrates how each
individual–whether the central figure or a radically
subordinated one–emerges as a character only through his or
her distinct and contingent space in the narrative as a
whole.

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Écologie médiatique

Commentaire lucide (et donc combien utile) de Matt Kirschenbaum sur les positions extrémistes à propos de la préservation du patrimoine écrit. Il témoigne bien de la réalité actuelle : même si l’archivage électronique connaît des ratés et vieillit mal, le support papier n’est pas l’ultime solution. Tiré de la liste Humanist :

There’s often a kind of lop-sided materiality that holds sway in
discussions of digital preservation: on the one hand we’re quick to
point out how all the ugly realities of computing–the warts and
blemishes of hardware, software, and standards–conspire against the
notion of preserving anything digital; yet on the other hand,
counter-examples based on the preservation of printed artifacts tend to
come in form of idealized abstractions. « I can still read an Old English
manuscript. » Well yes, because its been kept in a climate-controlled
vault with access restricted to credentialled scholars. 500 years is an
awfully long time, no matter what the medium. Will the acid-free book on
the library shelf exist 500 years from now? Probably, if the thought
experiment consists in imagining that book in a vacuum. But think of
everything that’s being assumed here, starting with the ongoing
stability and homogeneity of « the library » as a cultural institution.
Assuming that « the library » is still recognizable as such in a few
centuries, however, it’s worth pointing out that when we want to find
the acid-free book we will do so via electronic (or maybe quantum)
records. For some this becomes the occasion, a la Nicholson Baker, for
insisting on the importance of keeping the card catalogs around; I
prefer to think of it as a reminder of what preservation really is.
We’re not dealing with a print vs. digital dichotomy here, any more than
we really were a decade ago when we liked to talk about the death of the
book and whatnot. We’re dealing with a media _ecology_ that’s in a
constant state of flux, with relations between different media shifting
and redefined through the advent of new material technologies. Any
sustainable approach to preservation, I would argue, starts with that
larger ecology, not with one specific medium or format. Matt

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Calvino, Défis aux labyrinthes

Nouvelle parution cet automne : Défis aux labyrinthes. Textes et lectures critiques d’Italo Calvino (2 vol., Seuil).

Compte rendu sur lemonde.fr :

Le lecteur, rien ne lui plaît finalement plus que de pouvoir admirer, et de continuer, parfois sans mots, un dialogue intérieur avec l’?uvre.

Au critique on demande de donner ses raisons, d’entrer en discussion. A fortiori au critique d’un critique.

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