Hubert Guillaud fait écho à un coup de gueule d’Olivier Ertzscheid sur le tempo de la publication scientifique. Mais derrière la volonté d’un accès libre, intégral et immédiat aux articles, quelle réalité contraint-elle les directions de revues ? Tentative, de ma part, de mettre en perspective, et surtout de se questionner sur les outils favorisant la diffusion rapide sans pénaliser l’équilibre économique fragile des revues savantes — voir les commentaires.
3 réflexions au sujet de “Diffuser les articles scientifiques en version numérique avant le papier ?”
Les commentaires sont fermés.
jamais réussi à vous comprendre, les universitaires, sur ce mépris du web – les colloques mettent 2 ans à être publiés, souvent très moche PAO et diffusion quasi clandestine, plus sommaire chez Fabula pour croire que ça suffit comme cadeau au numérique –
au Québec c’est probablement différent, mais en France vraiment l’impression du suicide collectif d’une corporation, désormais absente de la vie intellectuelle et des débats esthétiques
alors qu’en général ces publications ne donnent même pas lieu à contrat, et qu’en tout cas les contrats pour ce genre de publication sont valables exclusivement pour le tirage et le support concerné, rien n’empêche la diffusion numérique de ces interventions
on dirait qu’ils ont peur que les étudiants les lisent ?
Complètement d’accord – quel retard on prend, nous, universitaires (en lettres, je crois que c’est vraiment le pire), dans ce champ là, et combien on gagnerait à mettre en commun les savoirs et à les diffuser.
Pour moi, pris le parti de mettre les quelques communications faites sur site perso (et encore, j’ai scrupule à poster ceux qui sont prévus mais pas encore dites), et j’en connais qui font la même chose (en mieux) (benjamin renaud, sur tache-aveugle, avec reprise du papier et discussion : ex – http://www.tache-aveugle.net/spip.php?rubrique2)
Pour les explications, on les connaît bien – que la publication est le grand sésame pour les postes de fac, qu’on juge un prof en grande partie sur le « nombre de communications PUBLIÉES », et quelle que soit la surface de diffusion de celle-ci. (Voir le gros débat autour du mépris sarkozyste sur les pourcentages d’articles publiés par prof par rapport aux anglais, et combien l’université française s’est trouvée humiliée – quand bien même ces chiffres étaient faux et tronqués ; mais c’est un autre problème)
Je ne pense pas que les profs soient contre le numérique, mais tant que le système ne validera pas la valeur symbolique du net comme espace légitime de diffusion et de circulation du savoir, tout cela restera en l’état, avec ouvrages imprimés deux ans après les colloques, et distribués aux membres des intervenants (et encore).
On ne désespère pas, cependant.
@F : situation différente (légèrement) au Québec dans la mesure où les pressions gouvernementales font en sorte que la plupart des revues savantes en SHS sont avec léger retard numérisées (via Érudit) ; donc les universitaires sont sur le web sans trop le savoir… (est-ce vraiment mieux?).
Pour les collectifs / actes de colloques : ça reste un problème entier… pas de solution claire, car on cherche une caution éditoriale (et une matérialité qui assure la permanence), sans perdre la cohérence de l’ensemble (le colloque a ceci de chic que ça permet des rencontres, des perspectives croisées même si différentes a priori). Mais on réfléchit, on travaille…
@Arnaud : oui, certaine réserve (certaine pudeur) à diffuser le « tout cérébral » de telle tête universitaire… mais je crois que le principal problème reste l’institutionnalisation des lieux de publication. Pour que la valeur symbolique des travaux diffusés sur le net soit reconnue, il faut que l’on accorde notre confiance à l’instance qui les prend en charge — tout comme on reconnaît davantage les travaux publiés par un éditeur sérieux que par une pseudo-maison d’édition qui fait finalement du compte d’auteur. C’est un peu dans cette logique que je me suis mis à la revue temps zéro (http://tempszero.contemporain.info), afin de donner cette « garantie » de sérieux et d’évaluation que l’on recherche dans le but de valider la qualité de ce que l’on lit. Et de là également mon insistance pour que « Voix critiques » sur publie.net ait un comité actif et critique, afin de participer à ce mouvement.