Érudit, pécule et la mort du papier

Contraintes subventionnaires obligent, les revues savantes au Québec sont explicitement invitées à penser à la numérisation de leur production. « On a évité de peu l’abandon pur et simple de l’appui financier pour la production de versions papier des revues », rappelleront certains. N’avons-nous pas seulement fait un léger détour pour y arriver de toute façon ?

C’est ce que semble révéler, en filigrane, la situation actuelle des revues savantes engagées dans la machine Érudit, consortium de développement d’une plateforme unifiée de numérisation des publications savantes.

La mise en place imminente d’un accès filtré aux contenus produits par Érudit révèle au grand jour la logique sous-jacente à cette machine : flirtant avec les modèles commerciaux que sont JStor et Muse, Érudit vise à vendre des contenus aux institutions afin de faciliter la diffusion internationale de l’érudition produite au Québec. L’orientation économique est dominante, et elle porte à réflexion. Le fonctionnement du financement de l’entreprise est d’ailleurs étonnant : la production est assurée par la contribution des revues, qui sont elles-mêmes financées pour cette production par les FQR en échange de leur engagement à participer à cette plateforme (unifiée et par ailleurs unique). La diffusion, en revanche, est financée par les revues à un tiers qui assure la publicité et gère les abonnements électroniques.

Il ne faut pas être futurologue pour voir venir : même si les abonnements électroniques sont aussi coûteux que l’abonnement papier, les institutions comprendront rapidement que l’ère du virtuel mobilise moins de ressources (pas de manutention, pas de stockage, pas de frais connexes). Conséquence : chute dramatique des abonnements papier et démonstration, à moyen terme, de la non-pertinence de financer des revues pour une production papier. Beau et lourd détour pour en arriver au même résultat ; le rôle ingrat d’annoncer la mort du papier n’incombera pas aux subventionneurs, mais à des contingences du marché

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Funology

1402012527.01._SCMZZZZZZZ_.jpg Un ouvrage collectif sur un sujet à l’extrême frontière de mes intérêts habituels, sur les enjeux ludiques des interfaces électroniques. C’est la réflexion implicite que cette recherche suppose qui m’intéresse, à savoir la prédiction des effets de lecture d’une interface donnée (qu’est-ce qu’on suscite en organisant l’information de telle ou telle façon ?).

Funology. From Usability to Enjoyment

edited by
M.A. Blythe (University of York, UK)
K. Overbeeke (Eindhoven University of Technology, The Netherlands)
A.F. Monk (University of York, UK)
P.C. Wright (University of York, UK)

This book reflects the move in Human Computer Interaction studies from standard usability concerns towards a wider set of problems to do with fun, enjoyment, aesthetics and the experience of use. Traditionally HCI has been concerned with work and task based applications but as digital technologies proliferate in the home fun becomes an important issue. There is an established body of knowledge and a range of techniques and methods for making products and interfaces usable, but far less is known about how to make them enjoyable. Perhaps in the future there will be a body of knowledge and a set of techniques for assessing the pleasure of interaction that will be as thorough as those that currently assess usability. This book is a first step towards that. It brings together a range of researchers from academia and industry to provide answers. Contributors include Alan Dix, Jacob Nielsen and Mary Beth Rosson as well as a number of other researchers from academia and industry.

Soft cover ISBN: 1-4020-2966-7 Date: October 2004 Pages: 314 pp.
EUR 69.00 / USD 89.95 / GBP 48.00
Kluwer Academic Publishers

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Poiesis and Possible Worlds

0802036414.jpg Thomas L. Martin, Poiesis and Possible Worlds. A Study in Modality and Literary Theory, University of Toronto Press, 2004, 256 p.  

ISBN: 0802036414

In Poiesis and Possible Worlds, Thomas L. Martin makes a highly focused intervention in the debate about poststructuralist and postmodern theorizing and offers a philosophical approach to some of the controversial tenets of recent theorists. The result is an important addition to the existing literature on the usefulness of possible worlds theory for literature.

Martin argues that literary studies remain mired in the anomalies of a linguistic methodology derived from early twentieth-century language philosophy, a view challenged not only by theoretical physics, but also by compelling advances in philosophic semantics. The possible-worlds theory of this book moves beyond the understanding of language as an inescapable medium and toward a view of language as calculus, a theoretical outlook that provides richer means to model a wide range of literary worlds. These possible-worlds insights apply to several fundamental issues in literary and critical theory: not to a theory of fiction as other possible-worlds theorists have suggested, but at a lower level to the definition of literature, to verbal figuration in the theory of metaphor, and to models of reading.

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Université populaire – cours de littérature contemporaine

Beau projet, il me semble, que celui de l’Université pop qui se tient à Nantes. Au Lieu unique, des rencontres entre des universitaires qui se prêtent à l’enseignement hors du contexte académique pour un grand public, lecteurs et amateurs de littérature. Le programme est impressionnant (même s’il semble tenir en grande partie à la collaboration imposante de Bruno Blanckeman).

Au menu cette année : Patrick Modiano, Hervé Guibert, Sylvie Germain, Roland Barthes, Hélène Cixous, Christine Angot.

Renseignements et programme complet ici.

(via Fabula)

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L'archivage numérique : conditions, enjeux, effets

Le dernier numéro de la revue Protée porte sur les enjeux posés par la numérisation de la culture. Non pas encore une fois la discussion interminable sur les difficultés techniques posées par l’archivage, sur la transformation des codes et protocoles (« comment tagger efficacement un texte pour qu’il survive aux révolutions techniques ? »), mais bien une réflexion plus globale, fondée sur une sémiotique de la culture.

On aura compris, espérons-nous, l?intention qui anime ce dossier de Protée, qui se penche moins sur les aspects techniques de l?archivage numérique que sur ses conditions sémiotiques, ses enjeux sociaux et ses effets sur les objets culturels. En transformant tant l?objet que le sujet, c?est-à-dire le regard porté sur l?objet, la numérisation vise en effet des transformations épistémiques dans l?ordre des connaissances, en même temps qu?elle répond à des demandes sociales à l?égard de ces connaissances et qu?elle modifie des pratiques intellectuelles et artistiques. Il faut attendre du regard critique, qui est porté sur la numérisation dans le présent dossier, qu?il permette de renouer le dialogue entre sémiotique et politique, entre analyse herméneutique, faire technologique et action sociale. Ce dialogue ne peut pas aller dans un sens seulement : sans la dimension politique, économique, sociale, la sémiotique glisse dangereusement sur la pente d?une spéculation sans épreuve ni enjeu ; à défaut de la dimension herméneutique qu?apporte la sémiotique, la démarche actuelle de l?intellectuel engagé risque de se muer en celle d?un aveugle technocrate. (extrait de la présentation)

Sans aller du côté de la misérable portée sociale de nos travaux (misérable parce qu’exigée par les subventionnaires, sans discernement sur la nature des travaux menés), cette posture à cheval entre l’enjeu esthétique et l’enjeu politique se révèle extrêmement précieuse, ne serait-ce déjà que par sa rareté…

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