Hypertextopia : Storyspace à la moulinette des webapps

Forking pathsHéhé, une traînée de poudre : Ben Vershbow, sur if:book, reprend l’info de Nick Montfort sur GrandTextAuto (qui l’avait repiqué de qumbler) ; Hubert Guillaud, sur la feuille, a pris le relais dans la sphère francophone.

Un étudiant à Brown University, au code bien tourné (Ruby on Rails + Javascript), produit un site permettant de créer des hypertextes de fiction à la sauce Storyspace : Hypertextopia. Version simplifiée, graphiquement réussi, user-friendly. Dans les mots de Vershbow : « The site is gorgeously done, applying a fresh coat of Web 2.0 paint to the creaky concepts of classical hypertext. »

Et ça déclenche des nuées de commentaires… Étonnant, considérant la disgrâce des hypertextes de fiction. Comme si le phénomène était nouveau. Vershbow n’en est pas moins explicite sur son inconfort face à ces productions qui le décoivent : « Hypertext’s main offense is that it is boring, in the same way that Choose Your Own Adventure stories are fundamentally boring. » Le pli réapparaît: comme si c’était le support qui créait les mauvaises fictions. On ne peut écrire un grand roman avec un Berol HB mal aiguisé, c’est connu. Pitoyable qu’on doive se le rappeler.

Sinon, malgré la naïveté de la chose, il peut être intéressant, pour mieux comprendre le projet de Jeremy Ashkenas (oui, c’est son nom… étonnant de voir que personne ne s’était occupé de lui rendre ses lettres de noblesse), de lire son Hypertextopia Manifesto, ne serait-ce que pour comprendre son intérêt spécifique pour les axial hypertexts :

The axial style helps the author to maintain narrative coherence in a hypertext by insisting on a beginning, an end, and a thrust of rhetoric that connects the two. After a reader has completed an axial hypertext, they should understand the point that the author is trying to make. This style is often contrasted against fully networked hypertexts, where the reader is free to enter at any point, proceed to any other point, and may leave at any time she chooses.

If the author has a definite meaning and feeling to convey, an axial style will help get it across, while making good use of the literary forms that hypertext offers.

Argument étrange, dans la mesure où la réticulation du support est ainsi totalement désamorcée. Sorte de fantasme de la digression rendue sur support virtuel — à la façon de Rayuela, de Cortázar…

(photo: « Derive at 04.NN: Boulevard of forking paths », adamgreenfield, licence CC)

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