AAUP Statement on Open Access : aveuglement financier

Par diverses voies, je suis arrivé à ce joli document : AAUP Statement on Open Access.

Grande association de presses universitaires cherche à se positionner dans un monde éditorial qui lui échappe (pensons à Scribd, comme seul exemple de cette menace, beaucoup plus insidieuse que les méga-projets de Google…).


Bel effort, dirons-nous, que de tenter de se prononcer sur l’ouverture à l’open access dans un univers de transmission du savoir académique. Mais le portrait que l’on y dresse de l’actuelle situation est navrante, tant les oeillères financières sont fortes. Voyons comment les presses universitaires en arriveraient à considérer les enjeux actuels :

The phrase ?open access? has come to symbolize the pressure for change in the system, largely in response to the financial burden on academic libraries of maintaining subscriptions to commercially published journals in science, technology, and medicine (STM). Without reform to this system many fear that the results of new research will increasingly be accessible to an ever-shrinking number of the wealthiest universities. Hence the call has arisen for a new publishing model of open access that will ensure the continued ability of universities to disseminate knowledge ?far and wide.?

Prenant le cas dérangeant des revues savantes, les signataires expliquent la nécessité d’une conception open-access du savoir par les seuls problèmes financiers liés à l’acquisition de la documentation. Et le reste de la réflexion est à l’avenant : comment assurer la survie (commerciale) des presses universitaires dans cette économie de marché, où la seule solution simple pour passer à un mode open-access est de pelleter les coûts aux auteurs et aux universités.

The member presses of AAUP, which include scholarly societies, recognize that they have an obligation to confront the many challenges?economic, legal, and technological?to the existing system and to participate with all willing partners, both within and outside the university, to strengthen and expand scholarly communications.

Bravo! Belle observation, mais qui se limite ici aux moyens du processus, et non à son fonctionnement. Évidemment, il serait terriblement déstabilisant (eux-mêmes l’avouent) de s’interroger sur le principe même des publications savantes, sur leur mode d’évaluation, sur leur ouverture à l’extérieur du monde académique. Il ne faut pas trop leur en demander. Mais il reste très révélateur que ce soit là le point aveugle de leur propos ? à preuve, de quoi parle-t-on ici quand on désigne ce qui est à protéger?

The AAUP and its member presses welcome the opportunity to collaborate with university administrators, librarians, and faculty in designing new publishing models, mindful that it is important to protect what is most valuable about the existing system, which has served the scholarly community and the general public so well for over a century, while undertaking reforms to make the system work better for everyone in the future.

Cette obsession de la survie commerciale conduit à une prise de position prudente et de bon ton, alors qu’il y a péril en la demeure… Ben Verschbow poursuit la réflexion, postulant explicitement, pour sa part, pour une convergence entre éditeurs universitaires et bibliothèques académiques. L’idée est conséquente, mais dans une approche typique d’économie de marché : créons un circuit fermé de convergence et de commune entente… Mais n’y a-t-il pas là confusion dans les missions respectives des institutions ?

Ce qui m’inquiète dans ce portrait, on l’aura compris, c’est la place que l’on accorde au processus de validation des savoirs : priorité au caractère commercialement rentable des produits, transmission accélérée des contenus, aplatissement du rôle scientifique de l’éditeur. Le modèle des dépôts OAI boostés aux stéroïdes monétaires (comme le suggèrent les membres de l’AAUP) n’est guère plus reluisant que celui des publications à compte d’auteur, qui laissent croire à une validation des contenus, alors que…

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