L’expérientialité et la narration de Monika Fludernik face à la littérature numérique

Dans une entrée précédente, nous avons vu que la narrativité deux acceptions classiques, comme « suite d’actions », et dans sa dimension verbale (notamment grâce à la présence d’un narrateur). Mais c’est plus sur le rapport entre narrativité et expérientialité que nous allons ici nous attarder. Monika Fludernik aborde cette notion entre autres dans son chapitre 1.2.1 History vs. experientiality, de son ouvrage de 1996, Towards a « Natural » Narratology.

Selon Fludernik (qui écrit en 1996), la plupart des recherches traitent de la narrativité de façon statique ; le modèle de Claude Bremond (1973) lui permet cependant d’envisager le modèle narratologique de façon plus dynamique. En effet, selon Fludernik, Bremond :

« makes an important contribution by incorporating in his sequential model the crucial experience of unresolved direction » (Fludernik, p. 16).

Par conséquent, Bremond offre dans son étude une première mention des contrariétés éventuellement vécues par un lecteur dont l’arc narratif ne se présente pas de la manière supposée (ou qui n’obtient pas la garantie d’avoir la totalité de l’expérience de lecture). Ces deux cas de figure sont intéressant car très fréquents en matière de lecture en contexte numérique, où les arcs narratifs offrent des angles morts particulièrement intéressants à étudier – d’autant plus lorsque ces axes s’inscrivent dans une certaine interactivité. Cette dimension de la narrativité est désignée par Monika Fludernik comme de l' »intentionnalité expérientielle » (experiential intentionality).

Cette question d’intentionnalité expérientielle est évidemment reliée à d’autres notions très fondamentales de la narration, comme celle de « l’auteur implicite ». La notion, développée par Wayne C. Booth en 1952 (mais publiée ensuite dans The Rhetoric of Fiction), possède une dimension éthique importante, puisque l’idée est de pousser par des moyens rhétoriques le lecteur à adhérer au personnages et au récit. La notion (polémique, en tout cas à l’époque), mène à considérer le texte comme une intention signifiante, et non comme un fait objectif.

Plus que ce point spécifique, Fludernik s’intéresse surtout dans son titre à l’ouvrage Temps et Récit (1983) de Paul Ricoeur. Selon ce dernier, l’expérience d’un récit est configurée par l’expérience cognitive que les lecteurs ont du monde, soit leurs propres expériences en tant qu’individus, ce qui implique également leurs intuitions, leurs connaissances des cadres, schémas et « scripts » qui ont cours dans ce que l’on peut appeler « la vie réelle » (au sens de non-fictive).

Il est intéressant de voir qu’une des difficulté à réfléchir de façon stable la narrativité en matière de littérature numérique est peut-être lié à cette absence de corrélation entre ces fameuses expériences personnelles et la plupart des présentation de récits en contexte numérique. Sans modèle pratique sur lequel se reposer, la littérature numérique fait souvent un tel travail sur les supports que l’expérience du lecteur même aguerri pourra difficilement trouver prise sur des formes connues et appréciées. Pour le dire autrement, la poétique changeante de la littérature numérique dilue la connaissance des formes par le lecteur, et complexifie d’autant son expérience de lecture.

On pourrait penser qu’en tout état de cause, une telle réalité rend conséquemment l’expérience narrative foncièrement dépendante d’autres formes de références au réel : si la forme est constamment nouvelle, c’est sur les références au récit que le jeu rhétorique permettra de raccrocher le lecteur au texte. (NB : Il serait donc intéressant de voir comment l’usage de logiciels structurants comme Storyspace permet d’insister, justement, sur une structuration de l’expérientialité du lecteur quant à la forme – on pensera à la fiction interactive Victory Garden, 1991, ou à Patchwork Girl, 1995).

A contrario, on peut se demander si les grands succès narratifs public vont au contraire faire grandement œuvre de référencement à cette expérience du réel – lequel sert de contrepoint à l’exploration de certaines nouvelles méthodes narratives. L’oeuvre hypertextuelle classique qu’est Afternoon, A Story (Joyce, 1987) se présente effectivement comme une enquête, bien que fortement fragmentée ; c’est également le cas d’ Her Story (2015). Le motif de l’enquête est fréquent en matière de littérature numérique, le vecteur apparaissant sans doute comme l’un des plus pertinents pour l’exploration permise par l’hypertextualité. Quoi qu’il en soit, la référence au réel est considéré par Fludernik comme un pré-requis de la narratologie, ce qui doit être examiné au vu du contexte numérique :

« a pretextuel and indeed pre-narrative (level), providing the cognitive basis for story comprehension at it most elemental level. » (Fludernik, p. 17).

Dans la suite de son raisonnement, Fludernik cite Ricoeur, lequel mentionne que suivre une histoire implique surtout d’appréhender les épisodes (les actions) qui mènent de manière bien connue à une fin établie (une telle compréhension menant selon sa démonstration à une nouvelle conception du temps). Cette idée de Ricoeur est logiquement insérée dans Mimesis II : le terme n’est pas choisi au hasard puisque c’est bien sûr dans la reconnaissance que se situe le plaisir, dans la droite lignée de ce qu’Aristote reconnaissait déjà dans sa Poétique. Fludernik qualifie ce point de reconnaissance (bien que non décrit comme tel) comme téléologique ; elle ne cite pas cependant sur qui se fonde cet aspect téléologique. Est-ce l’auteur, l’auteur implicite, le narrateur ? On imagine volontiers que la situation s’en différenciera d’autant.

De telles configurations insistent selon Monika Fludernik sur l’interprétation active du lecteur, qui testera sans cesse le rapport téléologique à l’œuvre créée, agissant de façon à reconstruire l’histoire comme un « tout sémantique et thématique ». Pour servir ce rapport téléologique, la narration a une fonction : mettre l’emphase sur les caractères extraordinaires du ou des personnages, et ainsi fournir des « patrons de lectures » (reading patterns) au lecteur en quête de sens.


BOOTH, Wayne C, The Rhetoric of Fiction, University of Chicago Press, 2010, 572 p.

FLUDERNIK, Monika, Towards a « Natural » Narratology, Routledge, 2002, 472 p.

RICOEUR, Paul, Temps et récit, vol. 1., Seuil, 1991, 416 p.

Carnet de recherche Tom 18 août 2017

Mes recherches des dernières semaines ont essentiellement consisté à continuer de progresser les fiches concernant l’ouvrage de référence The John Hopkins Guide to Digital Media. Le caractère très foisonnant de cette encyclopédie ainsi que la manipulation de nombreux concepts clés relatifs au projet permet d’approfondir très efficacement mes recherches relatives à notre sujet d’étude. L’ouvrage étend de manière assez conséquente mes recherches de thèse, et me permet de circonscrire plus efficacement le sujet.

Une rencontre avec Renée Bourrassa sur Skype m’a également permis de prendre conscience de sa volonté que j’inclue de plus en plus, au fil des mois qui viennent, mes propres recherches doctorales au projet. Je travaille en effet sur la question des œuvres générées par intelligence artificielle, ce qui offre un certain nombre de points de contacts avec notre sujet d’étude. J’ai donc commencé à prendre en compte les remarques de Renée Bourrassa et à publier des contenus sur le groupe Facebook relatif au projet, contenus qui intéressent directement mon sujet de thèse. Mme Bourrassa a également pointé l’intérêt d’une constitution de dossier sur différentes thématiques, sur lesquels Clara va peut-être également commencer à travailler. Ces dossiers, sur lesquels je commencerai à me pencher à l’automne, viseront à produire des synthèses sur différents sujets

allant des agrégateurs de contenu au droit d’auteur ou encore à la question plus spécifique de l’expérientialité. De tels dossiers permettront de commencer à inclure une dimension de recherche active dans le projet, et ainsi la production d’un contenu de recherche conséquent.

J’ai également beaucoup avancé concernant le carnet de recherche. J’ai fini d’éditer les textes produits et de synthétiser une partie de leur contenu. Des ajustement ont parfois dû être faits concernant les productions de membres de l’équipe, lorsque ceux-ci s’éloignaient trop du projet ou requerraient des précisions. Je pense par exemple au terme « wireframe », très usité en matière de design, mais dont n’aura parfois jamais entendu parler un étudiant en littérature. Le carnet de recherche est donc également l’occasion d’une mise en commun des savoirs, afin de les harmoniser au mieux et d’en tenter la synthèse, ce qui constitue l’essence de notre projet. J’ai donc pu, avec l’aide de Dave, publier les différentes entrées du carnet de recherche sur le site dédié de la plateforme, sur lequel vous consultez actuellement cet article.

Un exemple de fiche d’ouvrage théorique.

J’ai également commencé et continue chaque jour d’entrer les fiches effectuées à la session d’automne. Le fait de les entrer nous permet de voir tout le travail accompli pour constituer cette base de données, qui s’avère extrêmement efficace à l’usage. C’est également l’occasion de réévaluer les fiches et l’état de la recherche au regard de mes connaissances actuelles, qui modifient parfois peu, parfois plus le contenu et la notation de leur pertinence pour le projet. Un retour sur les fiches me permet de m’apercevoir que nombre d’entre elles pourront alimenter ma recherche doctorale et, inversement, que ma recherche doctorale commence à pouvoir nourrir le projet. Le fait de rentrer les fiches est également l’occasion de perfectionner la base de données, au sein d’un travail étroit avec Dave. Ainsi, certains éléments qui paraissaient pertinents lors de la constitution des fiches semblent en réalité inutiles concernant la base de données, tandis que l’inverse est également vrai.


RYAN, Marie-Laure, EMERSON, Lori, ROBERTSON, Benjamin J., et al., The Johns Hopkins Guide to Digital Media , Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2014, 538 p.

Carnet de recherche Tom 1er août 2017

La base de données a été enfin montrée lors de la réunion d’hier (31 juillet). C’était l’occasion de collecter les retours sur un grand nombre d’éléments et de discuter des avis en envies de chacun des membres de l’équipe. J’ai pu voir se concrétiser les remarques et le travail accompli avec Dave au cours des précédentes semaines. J’ai été content de pouvoir communiquer avec lui de manière régulière au travers de ma présence sur le lieu de travail, et ainsi de tester ses idées, obtenir et fournir des conseils quant à la meilleure mise en place possible de la plateforme. Ce travail va continuer grandement dans les jours à venir, puisque le processus se veut bien sûr itératif.

The John Hopkins Guide to Digital Media

Je continue également de travailler sur la recherche du projet, en me penchant particulièrement sur l’ouvrage collectif The John Hopkins Guide to Digital Media. La source, pointée par René Audet au tout début de mon arrivée sur le projet, est extrêmement pertinente pour découvrir les « médias digitaux » dans leur ensemble, ainsi que la pluralité de notions parfois conflictuelles qui les composent. Le travail est assez plaisant dans sa dimension intellectuelle, puisqu’il permet de circonscrire chaque jour de mieux en mieux la recherche sur le projet. Il s’agit pour moi de décortiquer le raisonnement produit et d’en faire à chaque fois un compte rendu synthétique et pertinent pour le projet. Ce travail de recherche est certainement le plus chronophage de tous, mais il est encore une fois extrêmement agréable et varié. Il en va de même pour les autres ouvrages et articles que j’ai pu trouver jusqu’ici, et pour lesquels j’ai essayé de fournir le meilleur aperçu possible pour René Audet et Renée Bourassa, afin de les aider dans leur recherche.

Je compte à ce sujet m’intéresser de plus en plus à la question de l’expérientialité. Après un tour de presque huit mois sur les différents aspects du projet, je m’aperçois en effet combien cette notion est fondamentale pour arrimer les composantes de littérature et de design en contexte numérique. C’est également la notion qui bénéficie du moins de recherche actuelle, ce qui rend le projet de René Audet et Renée Bourassa d’autant plus pertinent. Comme me l’avait mentionné René Audet, la question de l’expérientialité n’est pas tant axée sur l’aspect cognitif de la lecture (aspect souvent déjà traité par la recherche, par exemple en matière de sciences cognitives), mais plus sur l’objet textuel en tant que tel. Au grès de mes lectures, j’ai pu me former une idée sur la distinction entre l’approche ontologique et l’approche cognitive. Cette citation tirée d’un ouvrage d’Umberto Eco en fait un très bon résumé :

« La théorie de l’objet ne s’occupe pas de savoir comment nous saisissons cognitivement les objets qui n’existent pas. À vrai dire, elle se concentre sur les objets dans leur absolue généralité et indépendamment de la façon possible dont ils sont des données. »

Voir BARBERO, Carola, Madame Bovary : Something Like a Melody, Milan, Albo Versorio, p. 65, cité par ECO, Umberto, Confessions d’un jeune romancier, Paris, Grasset, p. 90.

J’ai également bien entamé mon travail d’entrées de fiches sur la base de données. Ce travail est l’occasion d’un premier retour auprès de Dave concernant les fonctionnalités et les besoins que l’on pourrait avoir. Quelques bogues minimes ont vite été réglés ou le seront très prochainement. Rentrer les fiches est l’occasion de voir se concrétiser tout le travail accompli depuis les dernières semaines, ce qui a été un vrai travail de fond de la part de Dave et auquel j’ai été très heureux de pouvoir contribuer. L’été a réellement été mis à profit et la réunion du 31 a permis d’en prendre la pleine mesure. Je m’occupe donc d’améliorer au mieux le canevas nécessaire aux fiches d’ouvrages et d’articles théoriques. Le travail avance bien, et les prochaines semaines seront surtout consacrés à la mise en place du carnet, ainsi qu’à la compilation des fiches sur la base de données.


BARBERO, Carola, Madame Bovary : Something Like a Melody, Milan, Albo Versorio, p. 65, cité par ECO, Umberto, Confessions d’un jeune romancier, Paris, Grasset, p. 90.

Compte rendu réunion 31 juillet 2017

Cette réunion avec l’équipe au complet visait à faire le point sur trois éléments ; la revue critique de Fictions Narratives Numériques (FNN), le « wireframe » (la « maquette fonctionnelle », ndle), et enfin la base de données elle-même et son utilisation. La base de données a été examinée en premier. Grâce au travail de tous, celle-ci a pu être mise en ligne efficacement et les premières entrées ont pu être transférées. Dans l’ensemble, l’équipe est très enthousiaste, notamment en raison de son caractère pratique. Peu de remarques ont été effectuées sur le coup, car l’essentiel des retours se fait directement auprès de Dave au quotidien. J’ai ainsi beaucoup communiqué avec lui ces dernières semaines afin de répondre au mieux à ses interrogations concernant la praticité de la base de données. Les jours à venir vont nous permettre de raffiner la composition de la base ainsi que celles des fiches qui la nourrissent, étant donné que le transfert va maintenant pouvoir s’accélérer. L’intérêt d’un tel processus itératif est de répondre le mieux aux usages, et le contact entre les membres de l’équipe est un gage de succès de cette entreprise.

Nous avons ensuite effectué un retour sur la revue critique de FNN. Renée, Michaël et Clara estiment qu’il faudrait faire un effort d’intégration de la dimension de design. Renée et René en ont parlé en amont et un certain nombre de solutions ont été proposées. Le problème éprouvé est celui d’un manque au niveau théorique en design; sur ce point, Renée a demandé à Charles de reprendre le texte de la demande de subvention afin que la revue soit véritablement intégrée aux ambitions du projet. De son côté, René reconnaît l’importance d’une parenté graphique entre la base de données (et de manière générale, du site relatif au projet) et la revue. Comme il l’a pointé, il s’agit surtout de penser la revue en terme de vulgarisation, car celle-ci s’adresse au grand public. Il est donc peu probable que les lecteurs (et les éventuels contributeurs) soient à la fois spécialistes du design et de la littérature. L’axe choisi est celui des Fictions Narratives Numériques, il s’agira donc de voir de quelle manière il est possible d’arrimer la question du design à un tel type de plateforme. Sur ce point, la question d’un encadré spécifique a été discutée (mais risque d’effrayer ou de désintéresser le public contributeur). Il sera donc préférable d’envisager simplement une ouverture plus large des textes d’appel aux contributions.

D’autres questions ont été abordées, comme celle de la limitation de la revue FNN. Les termes de Fictions Narratives Numériques étant extrêmement larges, il est possible que les jeux vidéos prennent rapidement une place trop grande. Un rôle de sélection et d’édition sera alors à privilégier, afin de ne pas noyer la revue dans un seul médium. Il a également été pointé qu’il serait intéressant d’augmenter la longueur des textes demandés. En effet, si une bonne critique dépassant le nombre de mots requis venait à être proposée, il serait dommage de la refuser sous un prétexte aussi formel. De plus, la revue devant être ouverte aux universitaires, il s’agira de permettre également des points de vue plus spécialistes sur les œuvres traitées. La multiplicité des avis sur chaque œuvre sera ainsi permise, comme le font notamment certains sites (SensCritique.com par exemple). De façon plus large, il a été pointé qu’il serait intéressant à partir de l’automne de se focaliser sur des dossiers spécialisés (notamment sur le droit d’auteur, les agrégateurs de contenu, etc.) afin de commencer à produire des contenus plus spécialisés.

Nous avons ensuite étudié les propositions de « wireframe » du futur site du projet. René a particulièrement pointé la nécessité de dynamiser la page d’accueil afin de mettre l’accent notamment sur les publications. Plusieurs types de cadres permettront de dynamiser la plateforme; nous en avons ainsi déterminé quelques-uns : sur les évènements en cours ou à venir, sur les nouvelles fiches de lecture, sur les contenus produits par la communauté de chercheurs (au travers de citations issues de la base de données), sur les contenus Facebook également… Bref, un grand nombre d’idées ont été rapportées et pourront toutes permettre de mettre en valeur les recherches effectuées.

Enfin, nous avons pu discuter du prochain séjour de Renée à Valenciennes, en octobre 2017 prochain. Ce sera l’occasion d’un travail approfondi avec la professeure Clarisse Bardiot, laquelle oeuvre également sur des questions telles que l’hybridité du livre et le livre augmenté. Ce sera également l’occasion de faire un état des lieux au sujet des agrégateurs de contenu. Enfin, en septembre, Renée compte stimuler des étudiants de design afin qu’ils produisent différents prototypes dotés de présentations visuelles.

Tom Lebrun

Carnet de recherche Tom 16 juillet 2017

Mon travail actuel concerne surtout la composition de la base de données. Plusieurs réunions informelles, ainsi que celle plus officielle du 4 juillet dernier nous ont permis de mettre en œuvre le projet et d’établir des canevas pour circonscrire les besoins que nous pouvons avoir. Nous avons ainsi pu effectuer quelques réunions informelles et discussions avec Michaël et Clara au sujet de nos besoins. Cela a entre autre permis de réagir et d’effectuer des ajustements sur les différents documents qu’ils nous ont proposé. La présentation des fonctionnalités que Dave a pu mettre en place m’a également amené à modifier quelque peu les fiches que j’effectue, et donc la recherche que je produis pour le projet. Par exemple, l’importance de l’implantation des citations d’auteurs a largement été rappelée car elle permettra de faciliter les recherches à l’avenir. Je fais donc désormais très attention à intégrer de nombreuses citations dans mes fiches quand les documents le permettent, ce qui n’est pas toujours le cas. En effet, un grand nombre des documents (ouvrages théoriques ou articles) que j’ajoute à la base de données sont trouvés sur le web, et les consulter afin d’intégrer les citations n’a pour l’instant pas été considéré nécessaire – il est du reste probable qu’un tel travail s’avère trop chronophage pour les besoins du projet. Je me suis également rendu compte qu’il était peu utile de mentionner d’autres informations (comme les oeuvres d’intérêt qui pourraient être mentionnées), et je m’occupe désormais de séparer mes remarques de synthèse avec celles qui peuvent servir de présentation. En l’occurence, mes remarques de synthèse visent surtout à permettre aux chercheurs du projet (René Audet et Renée Bourassa) de comprendre rapidement en quoi l’article ou l’ouvrage théorique en question peut leur être utile. Comme la notation par étoile, le but de la synthèse est donc de « juger » de l’apport potentiel que nous pourrions trouver à tel ou tel article. La notation est par conséquent toute relative : elle vise à qualifier une pertinence pour le projet « Expérientialité et design du livre en contexte numérique », et non de jauger d’un intérêt théorique global. Ces notations et ces remarques de synthèse, par conséquent, seront conservées à l’interne et ne visent pas à être publicisées.

J’ai également réfléchi à la mise en place du carnet de recherche relatif au projet. Après une réunion avec les divers membres du groupe concerné, j’ai réalisé que la meilleure manière d’offrir dans le carnet un avis régulier et pertinent sur l’avancée des recherches était de proposer une livraison toutes les deux semaines par chaque membre, à laquelle s’ajouterait un compte rendu de chaque réunion effectué par mes soins. De cette manière, nous pourrons constituer un noyau d’articles suffisamment conséquents pour nourrir le carnet dans ces débuts, après quoi il sera peut-être pertinent d’espacer un peu plus les entrées.

Je continue également ma recherche relative au projet. Dans l’ensemble, un grand nombre d’ouvrage qui ont été ajoutés traitent de l’importance de l’édition et de l’économie du livre. Je m’aperçois qu’il manque de ressources concernant précisément notre sujet, ce qui devra bientôt m’amener à réévaluer l’angle de mes recherches afin de demeurer pertinent.

Compte rendu réunion 4 juillet 2017

Cette troisième grande réunion a été l’occasion pour l’équipe de découvrir le prototype de base de données développée par Dave Létourneau. Après avoir décidé de délaisser Bootstrap 3 (dont les fonctionnalités étaient trop limitantes pour les nécessités de notre projet), Dave a développé la base en Bulma (lien : http://bulma.io/), un cadre CSS basé sur du Flexbox, logiciel libre particulièrement puissant et disponible sur GitHub. Dave a donc pu nous présenter la première ébauche du travail accompli, travail particulièrement impressionnant et adapté à nos besoins. Même si la plupart des champs n’étaient pas encore présentés de manière définitive – ce qui est tout à fait normal à ce stade du projet – nous avons pu voir le prototype et tester certaines de ses fonctionnalités. Le design, qui correspond déjà grandement aux modèles proposés par Clara et Michaël, sera donc peu à peu mis au diapason dans les semaines qui viennent.

Cette réunion devait donc permettre, en sus de cette présentation, de tester de concert les fonctionnalités et ainsi récupérer les remarques de l’équipe quant à l’établissement des champs. Dans cet objectif, un certain nombre de modifications ont été proposées. Il est important de noter que la plupart de ces modifications potentielles ne sont pas définitives; la plupart pourront être modifiées suite à la mise en production en raison du processus essentiellement itératif de la constitution non seulement de la base de données, mais également du projet « Expérientialité et Design du Livre en Contexte Numérique ». Les remarques sont les suivantes :

– Concernant le champ éditorial, les réalités complexes des productions dans le domaine numérique impliquent la nécessité d’ouvrir un champ « notes éditoriales » pour pallier les remarques d’éventuelles rééditions d’ouvrages, ou les notes pertinentes concernant les spécificités hybrides qui pourraient être découvertes.
– La réflexion sur les conditions de mise à disposition des champs a également été poursuivie. Un certain nombre d’entrées n’auront ainsi de sens qu’en interne – certaines œuvres ou certains ouvrages seront ainsi pointés en raison de leur pertinence pour le projet Expérientialité et Design –, mais n’auront pas d’intérêt pour le public de cette base de données. Ces dernières entrées seront donc réservées au seul usage du groupe de recherche afin de ne pas alourdir l’utilisation de la base de données pour le public, et demeurer ainsi le plus pertinent possible.
– La question de la distinction entre « plateforme » et « support » a également longuement été abordée : la confusion de fait parfois inévitable entre les deux rend difficile sa mise en place. Il est probable que les deux champs soient fusionnés, quitte à proposer dans une liste les différentes options (de « Prezi » à « Flash », en passant par « PS4 », « Epub », « Papier », etc.)
– La question de la distinction entre « Synthèse » et « Commentaire » a pu être réglée. Logiquement, les différences entre le domaine de recherche sur les ouvrages théoriques et celui sur les œuvres n’appellent pas les mêmes entrées. Pour cette raison, le travail effectué par Charles et moi-même utilisait bien souvent des intitulés qui ne s’avèrent pas totalement correspondants. Pour clarifier la future base de données, nous avons donc décidé de garder trois champs principaux : « Description » (qui correspond à la description généralement proposée par les éditeurs ou les créateurs du contenu, soit l’équivalent du quatrième de couverture) ; « Commentaire » (qui correspond à notre commentaire subjectif sur l’oeuvre ou l’ouvrage donné, et sera donc conservé à l’interne) ; « Discours critique existant » (qui correspond aux notes, remarques, commentaires ou critiques de l’oeuvre ou de l’ouvrage proposées par d’autres chercheurs ou par le public, et qui permettent de multiplier les points de vue sur l’oeuvre ou l’ouvrage en question).
– Renée Bourassa a également proposé une réflexion sur les citations récoltées au cours du travail de recherche. L’idée serait de permettre un moissonnage des dites citations par l’usage de mots-clés et ainsi accéder à toutes les citations concernant, par exemple, « l’imaginaire du livre » ou « les fictions transmédiatiques ». Cela permettrait notamment de démultiplier l’impact de notre travail de recherche. La proposition devra cependant être réalisable sans trop ajouter à la charge de travail ni dévier les objectifs annoncés vu que cela supposerait, entre autres, une table séparée dans les entrées.
– Il a également été décidé de conserver les deux champs « caractéristiques médiatiques » et « types d’interaction » car la distinction (« types d’interaction ») demeure très pertinente pour la recherche en Design.
– Nous avons cependant décidé de supprimer deux catégories inutiles au vu de nos objectifs : la catégorie « public cible » et celle « caractéristiques du livre numérique » (cette dernière étant notamment trop vague).
– Enfin, la notation par étoiles sera conservée pour le projet puisque celle-ci permet facilement d’indiquer la pertinence des objets.

Le travail étant bien amorcé, la prochaine réunion se tiendra dans quelques semaines, sans date précise au vu des vacances prévues pour de nombreux membres de l’équipe.

Carnet de recherche Michaël 30 juin 2017

Depuis la mi-juin, j’ai essentiellement cherché des conférences, des articles, des ouvrages et des exemples, afin de mieux comprendre le sujet de recherche dans son sens large. J’ai d’abord visionné la conférence « Comment les nouveaux écrans bouleversent-ils les pratiques du scénario ? » par Sophie Beauparlant. Dans cette conférence, il était surtout question du web-documentaire et de sa différence narrative face aux œuvres cinématographiques linéaires conventionnelles.

J’ai par la suite écouté la conférence de Dominic Arsenault, « Enjeux de la narration dans le jeu vidéo (et vice-versa): repenser le récit au prisme du jeu et de la simulation », conférence qui, comme son nom l’indique, discutait principalement de la place de la narration dans l’univers du jeu vidéo et de la manière dont cet univers influence le monde narratif.

J’ai par la suite procédé à l’expansion du corpus d’œuvres illustrant l’imaginaire du livre en cherchant des illustrations, photographies, peintures et photomontages intégrant le livre ou son concept. Afin d’éviter de sélectionner toutes les œuvres présentant des livres (il y en a des milliers !), Renée m’a conseillé de choisir une question de recherche en lien avec le projet. Ce réajustement me permettrait de m’approprier le projet et de travailler dans un sous-sujet avec lequel je suis plus à l’aise. Avec une question plus précise en tête, je pourrais alors chercher des exemples d’images et d’œuvres qui pourraient alors répondre à ma question en prouvant ou en expliquant certains points. Cela me permettrait de rechercher uniquement des œuvres pertinentes dans le cadre du projet plutôt que de tenter de dresser un inventaire absolu.

J’ai donc poursuivi mon travail en relisant d’abord le brief de projet. Une lecture concentrée et une annotation active m’ont permis de saisir plus précisément dans quel contexte mon travail s’effectue. De plus, cela m’a permis de sélectionner certains termes et sujets qui pourraient potentiellement m’intéresser pour ma question de recherche.

Suite à cela, j’ai aidé Clara dans la conception des « wireframes » (« maquettes fonctionnelles », ndle) pour la partie Répertoire de la plateforme Web. J’en ai profité pour faire une recherche d’inspiration pour élaborer le style visuel de cette plateforme. Je n’ai pas encore fait d’esquisses pour le style visuel, car il faudrait avant cela définir les sections et les contenus, en plus de regarder pour monter les wireframes. Néanmoins, la recherche d’inspiration m’a donné de bonnes idées pour éventuellement élaborer le style graphique.

J’ai également passé quelques heures à brainstormer avec Clara au sujet des prototypes de livre réinventé que nous voudrions faire cet été. Nous avons été nous balader sur le campus afin de trouver de l’inspiration. Les corridors souterrains de l’université se sont révélés être une piste potentiellement intéressante, mais surtout très stimulante!

J’ai terminé la semaine en lisant. Je me suis d’abord renseigné sur la chaîne du livre, ses acteurs et son processus. Puis, j’ai lu certains articles proposés par Tom sur le Wiki, certains articles traitant du design et d’autres traitants plutôt de l’expérientialité, terme que j’ai cherché à clarifier. Ces articles m’ont permis d’approfondir le sujet, chacun à leur façon.


(Conférence) BEAUPARLANT, Sophie. Comment les nouveaux écrans bouleversent-ils les pratiques du scénario ?, http://oic.uqam.ca/fr/conferences/comment-les-nouveaux-ecrans-bouleversent-ils-les-pratiques-du-scenario, 18 mars 2016 (Consulté le 16 juin 2017)

(Conférence) ARSENAULT, Dominic. Enjeux de la narration dans le jeu vidéo (et vice-versa): Repenser le récit au prisme du jeu et de la simulation, http://oic.uqam.ca/fr/conferences/enjeux-de-la-narration-dans-le-jeu-video-et-vice-versa-repenser-le-recit-au-prisme-du. 25 février 2014 (Consulté le 16 juin 2017)

WIKIPÉDIA, Édition (activité), https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dition_(activit%C3%A9) [Consulté le 28 juin 2017]

LLOVERIA, Vivien, « De l’hypertexte au design monopage- une transition sémiotique », dans CASA: Cadernos de Semiótica Aplicada, v.13, n.2, 2015, p. 57-87

DOUEIHI, Milal, « Le livre à l’heure du numérique : objet fétiche, objet de résistance » dans Read/Write Book: Le livre inscriptible, Marseille, Open Edition Presse, 2010, p. 95-103.

MOUNIER, Pierre, « Le livre et les trois dimensions du cyberespace » dans Read/Write Book: Le livre inscriptible, Marseille, Open Edition Presse, 2010, p. 175-183.

SAEMMER, Alexandra, « Cultures numériques : alternatives », Hybrid [En ligne], 03 | 2016, mis en ligne le 01 décembre 2016, consulté le 30 juin 2017, URL : http://www.hybrid.univ-paris8.fr/lodel/index.php?id=614

Earnshaw, Rae. «Using Mobile Technology to Facilitate Engagement with the Arts for Children with Autism and Their Families». Art, Design and Technology: Collaboration and Implementation, Springer, Suisse, 2017. p. 47-56.