Thème 4. Le livre long en mode nomade (roman, monographie) : quelles incidences de le consulter sur des liseuses ou des tablettes ?

Publié le 16 février 2010

On a souvent relevé un arrimage plus aisé entre les formes brèves et le support numérique : articles scientifiques, fictions brèves, entrées de blogs proposent un rapport avec leur objet fondé sur la concision.

Quelles pratiques de lecture plus longue observe-t-on ? Les outils de lecture, pour des documents numériques d’une certaine ampleur, ont-ils à être adaptés ? Meilleure visualisation du positionnement dans l’épaisseur du livre, annotations multiples et croisées à l’intérieur des documents, segmentation en parties : quelles sont les aides à la lecture de livres longs sur des readers, sur des tablettes, que les textes brefs n’ont pas nécessairement suscitées ?

Quelles spécificités respectives pour la lecture d’œuvres littéraires ou celle de documentation scientifique ?


8 commentaires (RSS)

  1. Pierre-Paul Ferland dit :

    J’ignore si je suis dans le bon thème, mais je me lance quand-même.

    Il existe à mon sens un marché à débusquer pour les éditeurs dans une sorte de forme du XXIe siècle du roman-feuilleton. RDS le fait déjà avec les matchs de hockey du Canadien: pour 3 dollars, on vous envoie par texto les changements au pointage des parties de la saison. Au Japon, on lit des mangas sur des téléphones cellulaires, pour 99¢ par extrait.

    Une nouvelle, on la lit une fois sur son cellulaire… et on ne veut pas connaître la suite, car suite il n’y a pas.

    Donner un extrait gratuit d’un roman et demander par exemple ce fameux 99¢ pour s’abonner et recevoir chaque jour la suite dans sa tablette ou son téléphone, il me semble que ce pourrait être une idée pour rentabiliser un roman-feuilleton.

  2. Leroy K. May dit :

    C’était, jusqu’à récemment, le modèle de Robert ne veut pas lire, qui a décidé de passer au «livre complet» plutôt que d’employer le feuilleton pour susciter l’intérêt. JF Chetelat en explique les raisons ici:
    http://carnet.robertneveutpaslire.com/?p=252

    Mais l’idée n’est pas mauvaise et le blogue se prête très bien au mode feuilleton.

  3. Le feuilleton exige une rigueur de la part de son auteur. Il doit pouvoir/vouloir poursuivre son histoire.
    Il doit se rappeler de ce qu’il a raconté dans les premiers épisodes.Garder une cohérence. Faire preuve de persévérance. Des qualités qu’avaient les Dumas ou Zévaco au XIX siècle.
    Ils ne connaissaient pas encore la civilisation du tout jetable
    Plusieurs auteurs nous ont lâchés en cours de route.Ils ont abandonné leurs héros. Pire encore, leur héroïne…
    L’éditeur doit être sévère comme un père jésuite. Il doit avoir l’outil fouet incorporé à son logiciel d’email.
    Ou fournir les amphétamines…
    Ce qui rend le modèle économique à 99 sous problématique.

  4. Comme lectrice, le feuilleton ne m’intéresse pas. Je préfère plonger dans l’oeuvre à mon rythme, à fond ou à petites gouttes.

  5. Michel Clément dit :

    Lorsque je réfléchis à l’offre de textes longs sur des supports numériques, la zone majeure d’interrogation qui m’habite, particulièrement pour la lecture d’oeuvres littéraires, est liée à « l’attitude de lecteur » que développeront les jeunes. Actuellement, la fréquentation de ces oeuvres sur support imprimé, impose par sa nature même, le respect des droits de l’auteur tout autant que ceux du lecteur. Le rythme de base est celui du texte, celui dans lequel l’auteur veut entraîner son lecteur… Et si nous y échappons parfois pour « écrire notre propre ligne entre deux lignes » ou laisser voguer notre imaginaire, c’est pour mieux revenir à ce bel esclavage du texte…. On n’échappe pas facilement à l’auteur pourvu que son oeuvre nous captive. Pour l’adulte qui passera du support imprimé au support numérique, probablement que ce lien du lecteur à l’oeuvre sera conservé en grande partie…..
    Mais qu’en est-il du jeune enfant qui pénétrera dans les « univers littéraires » sur une plate-forme numérique remplie d’innombrables possibilités, et par incidence, remplie « d’univers des possibles »? Comment l’amènera t-on à réaliser qu’il a la chance inouïe d’être en contact avec la pensée et l’imaginaire de l’AUTRE, alors qu’il lui sera si facile de profiter des hyperliens ou autres outils virtuels pour constamment revenir au SOI-MËME…. Qu’on me comprenne bien! Je crois qu’il y a là de nouveaux chemins d’une richesse incomparable pour le collectivisme de la pensée…. Ma seule inquiétude est au niveau de la formation… Comment amènera t-on les jeunes à accepter « d’écouter l’autre par ses mots » avant d’être soi-même « actant » de ces mêmes mots….
    Comment conserver les droits de l’auteur et les concilier avec ceux du lecteur?

  6. F Bon dit :

    pour cela que je pense que l’activité blog est très importante comme « médiation » – naviguer vite, repérer vite, passer par sérendipité d’un site à un autre – et quand on trouve son ancrage, qu’on repère une signature comme privilégiée dans l’échange, alors prolonger par la lecture dense, et l’éventuel geste commercial qui en découle

    une des clés, il me semble, c’est la nécessaire appropriation (technique et critique) des outils webs au lycéeLCegep et université – on n’y est pas encore, mais ça émerge de plus en plus comme responsabilité cruciale

  7. René Audet dit :

    Écho à un sondage sur l’expérience de lecture numérique, en dehors des habituelles complaintes sur le prix, l’odeur de l’encre, etc. : http://www.diigo.com/09lsk (voir passages surlignés)

  8. Mathieu Plasse dit :

    Je crois que le long livre continuera d’exister… à condition que les textes offerts à la lecture restent des textes à lire, sans les gadgets que certains voudraient y ajouter (musique, liens, vidéos, commentaires de l’auteur, etc.) Les occasions de perdre le fil et de sauter vers un site Internet seraient alors trop nombreuses et trop invitantes.