Thème 14. Modèles économiques du livre : éditer en numérique et en papier, processus complémentaires et en synergie ?

Publié le 16 février 2010

Éditer en numérique n’a pas pour unique finalité de porter un texte au format ePub ou autres. Cela n’est pas uniquement sa concrétisation sur le Sony Reader, le Kindle, l’iPad ou autres liseuses et tablettes. Éditer en numérique, c’est l’agencement d’outils numériques pour l’ensemble du processus de production. C’est aussi une synergie structurelle et un équilibre entre deux versions (pas nécessairement identiques) d’un ouvrage.

Plusieurs perçoivent l’édition numérique comme la fossoyeuse de l’édition papier, si cela peut être fort probable dans un avenir rapproché pour l’édition d’ouvrages scientifiques (pensons aux revues scientifiques), cela semble bien lointain pour les livres et les magazines. Le numérique et le papier ne seraient-ils pas des partenaires « d’affaire et de création » ? Leur cohabitation permet d’envisager de nouvelles possibilités, dont l’édition d’ouvrages papiers à partir de textes numériques choisis, des éditions numériques complémentaires avec plus de détails libérant le créateur et l’éditeur de contraintes touchant la longueur de l’ouvrage, les figures, etc. Ne pourrait-on pas voir cela comme un modèle économique basé sur la vente (papier), soutenant un modèle très axé sur la gratuité mais permettant une large visibilité (numérique) ? Certains ouvrages (magazines surtout) ont commencé à utiliser cette approche.

Mais la complémentarité, le développement de cette synergie sont-ils viables ? Comment cela doit-il se développer à l’interne – chez les éditeurs ?  Comment les créateurs s’y retrouveront-ils ? Comment l’équilibre peut-il être maintenu ?


7 commentaires (RSS)

  1. Pierre-Paul Ferland dit :

    Je lance un pavé dans la mare: toute copie numérique gratuite d’un livre (fiction ou non-fiction) ou d’un magazine se devrait d’être remplie de publicité. Même les copies papier… il faut y songer…

    À vous de me dire que je suis dans le champ.

  2. Eric Duchemin dit :

    La question est : Doit-on nécessairement passer par la publicité ou pouvons nous trouver d’autres modèles ? selon moi, tout dépendra du produit et de sa finalité. Dans le domaine des ouvrage scientifiques, de vulgarisation ou du magazine il peut exister d’autres modèles que la publicité, tel que le soutien institutionnel à des dossiers ou par des partenariats (exemple Cosmo le Dodo et les Éditions Origo).

    Le dernier Bilan de la Planète, un Hors série du Journal Le monde, est offert avec un cd-rom des Éditions Autrement.

    Je n’ai pas de solution, mais il faut y réfléchir en dépassant les barrières que nous avons.

    Les Éditions VertigO éditent depuis 2003, en collaboration avec Nature Québec, le magazine FrancVert. (http://www.francvert.org). Magazine en accès libre sans une multitudes d’annonce. Pas facile tous les jours, mais donne matière à réfléchir sur les possibilités.

    Pour le livre (Roman), la question se pose plutôt dans la chaine de montage, car le secret du numérique se trouve aussi à ce niveau. Comment composer le livre pour avoir une version numérique et papier pratiquement au même coût qui si nous produisions qu’une version papier ?

    Voilà d’autres réflexions.

  3. Pierre-Paul,

    Je comprends mal pourquoi il devrait y avoir de la publicité. Regardons le travail fait à l’UQAC avec les classiques des sciences sociales (http://classiques.uqac.ca/classiques/). Je me vois mal consulter une version numérique de _La pensée et le mouvant_ de Bergson truffée de publicités. Je pense au contraire que ce type de projet, surtout la numérisation de ce qui relève du domaine public, se doit d’offrir des textes gratuits en respectant leur intégralité. Je trouve cela enrageant que les PUF fassent de belles affaires en vendant des textes de Bergson à un prix de fou alors que la majorité des gens qui achètent ces ouvrages sont des étudiants dont la situation financière n’est pas enviable. Bref, je me réjouis de voir que le numérique offre la possibilité de mettre un terme à la commercialisation de ces classiques qui, à mon sens, appartiennent à tout le monde.

    Maintenant, pour ce qui est des oeuvres récentes, c’est une autre histoire ; évidemment, les écrivains et les divers acteurs du processus éditorial méritent d’être payés. Par contre, encore là, le modèle publicitaire me rebute au plus haut point…

  4. Eric Duchemin dit :

    Les Classiques des Sciences Sociales est effectivement un bel exemple qui demandrait d’être examiné, discuté, décortiqué afin de servir d’exemple, d’étude de cas. Il y en a d’autre aussi…. Les Classiques des Sciences Sociales est un projet porté par une personne d’une incroyable tenacité. Comment développer des modèles économiques, sans détruire l’idée sous-jacent à l’accès libre ? à l’idée derrière de tels projets qui servent aussi de support dans les universités dans les pays en développement. Une forme d’aide aux « développements ».

    Avec l’arrivée d’une certaine maturité dans l’édition numérique n’oublions pas que le numérique (Interent) est aussi à la naissance des mouvements sociaux pour l’accès libre et les logiciels libres. Comment le monde de l’édition peut s’insérer dans cette optique du « libre » tout en étant capable de vivre de son travail. Si de telles approches semblent être difficile à accepter dans leur intégralité, elles sont essentielles à considérer car seule l’utilisation de programmes (ou code) « open source » permettra aux outils de lecture de perdurer dans le temps par l’effet de la duplication (miroirs). De telles outils doivent être disponibles à la collectivité, doivent pouvoir être utilisé gratuitement et librement par un grand nombre. Ainsi, il restera toujours une copie de l’outil quelque part. Pouvons nous laisser à des monopoles le soin de développer les programmes et miser sur la pérennité de ceux-ci ou des outils développer par eux ?

  5. F Bon dit :

    si quelques-uns intéressés, ce serait bien d’évoquer ce qui s’induit pour édition du passage domaine public à 50 ans chez vous et 20 ans Fr, sur les Classiques des Sciences Sociales (dont je fais immodéré usage), ça concerne par exemple Lucien Febvre, « L’apparition du livre » ?

  6. René Audet dit :

    En direct de Tools of Change, Hubert Guillaud rapporte les propos de Dominique Raccah :

    Au travers de ces 3 exemples différents, Dominique Raccah montre que le plus important est d’augmenter le livre d’électronique plutôt que de seulement faire des livres électronique. Il y a encore des problèmes techniques bien sûr (multiplication des formats, DRM, prix…). Le contenu est chaud. Il faut dépasser l’intégration numérique du livre pour favoriser l’engagement, l’immersion du public. L’important c’est d’intégrer deux mondes, de les faire se rassembler. Nous sommes au début de ce que vont être les livres augmentés. Il faut expérimenter, essayer. “L’innovation est une itération”…

    http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2010/02/23/toc-2010-amener-lindustrie-de-ledition-au-dela-de-ledition-de-livre

  7. Leroy K. May dit :

    Par livre augmenté, j’entends un écho à l’oeuvre d’art total (Gesamtkunstwer) de Wagner qu’évoque Kandinsky dans Du Spirituel dans l’art. Les possibilités du numérique en sont à leurs balbutiements: imaginons un livre imbriquant extraits de films, extraits sonores, etc. Le livre en serait totalement transformé, transporté ailleurs.

    En ce qui a trait au pavé de Pierre-Paul… je rejoins Simon: évitons la publicité, soyons imaginatif…