Dimanche après-midi

carte relief mégantic sainte-cécile

 

La montagne nous invitait. Au coin de la route du 9, le point de vue est impressionnant : un grand territoire, quelques vallons peuvent être entraperçus (mais d’autres se cachent là, derrière), la route du 9 avec son S au pied de la première descente. Pourtant, c’est la montagne Sainte-Cécile qui se découpe tout au fond et qui est notre Nord magnétique : venez par ici, ceux que vous visitez se trouvent à mes pieds. Quelques minutes, quelques kilomètres, une intersection à mi-course où l’on tourne à gauche et on y est.

Cette route, pourtant pas empruntée depuis des lunes, est imprégnée en moi. On la parcourait aller-retour tous les dimanches après-midi, avant même que je sois conçu. C’était l’habitude de visiter les grands-parents qui marquait les dimanches, moment réservé, moment privilégié. On savait, à la vue du clocher de l’église qui se découpait sur la montagne en arrière-plan, que nous étions tout près, que la petite maison blanche adjacente y serait, qu’on y retrouverait probablement quelques oncles et tantes, cousins et cousines.

La maison et les alentours (la cour arrière, le garage, la cour d’église à côté, le petit cimetière à l’arrière) étaient mes terrains de jeu. Mais la vraie constante était de retrouver mes grands-parents, invariablement. Repère immuable, apparemment. Maintenant, il ne me reste que les images de ces espaces, le souvenir des situations et des visages. Persiste cette habitude du dimanche après-midi. Je lui donnerai ici une deuxième vie, en lien avec ma mémoire qui travaille (comme la pièce de bois qui s’assèche et prend sa forme définitive). Rendez-vous dimanche prochain.