Je décidais d’aller tout seul à Ottawa (Mahigan Lepage)

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Parce que c’était l’été et que je faisais les foins chez mon père, en Outaouais, mais que je m’ennuyais des fois à faire les foins chez mon père, en Outaouais, jour après jour c’était pareil, je faisais les foins, je faisais les foins et je voyais pas d’amis, pas de copains pas de copines, le soir je mangeais avec mon père et avec sa femme et avec les filles de mon père et de sa femme qui étaient des bébés et puis après j’allais me coucher de bonne heure et le lendemain je me réveillais de bonne heure et j’allais faire les foins et le soir c’était pareil et le lendemain c’était pareil et ainsi de suite jour après jour. C’était mon travail d’été, faire les foins pour mon père, c’était une façon de faire de l’argent, mais en même temps c’était une façon de voir mon père, parce que je voyais plus beaucoup mon père, sauf à Noël et sauf l’été, parce que j’avais déménagé chez ma mère dans le Bas-du-Fleuve et que le Bas-du-Fleuve c’est à huit cents kilomètres de l’Outaouais, le Bas-du-Fleuve c’est dans l’Est du Québec alors que l’Outaouais c’est dans l’Ouest du Québec, alors mes parents ils habitaient à huit cents kilomètres l’un de l’autre et moi pendant quelques années j’avais habité avec mon père à huit cents kilomètres de ma mère et maintenant j’habitais avec ma mère à huit cents kilomètres de mon père et l’été je retournais chez mon père pour travailler et faire de l’argent et aussi, mais ça je le disais pas, pour voir mon père. Mais ça se passait pas toujours bien avec mon père, en fait ça finissait toujours par mal se passer avec mon père, c’est pas pour rien que j’avais décidé de déménager chez ma mère, ça s’était pas trop bien passé avec mon père en Outaouais, quand j’avais onze ans et puis douze ans et puis treize ans et comme ça jusqu’à seize ans tout juste, ça s’était pas trop bien passé et ça se passait encore pas très bien, avec mon père, quand je retournais chez lui l’été pour travailler pour lui et aussi, mais ça je le disais pas, pour le voir. On finissait toujours par s’engueuler, mon père et moi, quand je retournais chez lui l’été. On s’engueulait pour des choses pas importantes, comme par exemple lui voulait regarder une émission de télévision, et moi je voulais regarder une autre émission de télévision à un autre poste, et on finissait par s’engueuler solidement, ou plutôt moi je rechignais, et c’est lui qui m’engueulait, une fois il m’avait dit T’es pas chez toi ici, et moi j’avais répondu Je me suis jamais senti chez moi ici, et j’étais sorti dehors pour pleurer et lui il était parti dans sa chambre, je sais pas s’il avait pleuré ou non. Je crois pas qu’il était capable de vivre avec un autre homme, mon père, même si j’étais juste un tout petit homme, même pas tout à fait un homme, à ce qu’on disait, un ado, à ce qu’on disait, et que j’étais maigre et que j’étais faible, je crois pas qu’il était capable de vivre avec un autre homme, mon père, il avait déjà vécu avec son père à lui, et je crois bien que son père non plus il était pas capable de vivre avec un autre homme, et son père à lui non plus, et ainsi de suite de génération en génération, dans la famille les hommes ils étaient pas capables de vivre avec d’autres hommes, ce qui faisait qu’ils étaient pas capables de vivre avec leurs fils quand leurs fils devenaient grands, mon grand-père il a pas eu de chance il a eu quatre fils alors il a bien dû vivre avec, ou plutôt c’est les fils qui ont pas eu de chance ils ont bien dû vivre avec leur père qui était pas capable de vivre avec eux, mais mon père il a eu de la chance il a eu qu’un seul fils et ce fils il est parti à seize ans vivre avec sa mère dans le Bas-du-Fleuve et après mon père il n’a plus eu que des filles alors il a pas eu à vivre très longtemps avec un autre homme dans sa maison. Mais l’été je revenais chez lui et maintenant j’avais dix-sept ou dix-huit ou dix-neuf ans et j’étais en train de devenir un homme, un homme maigre et faible mais un homme quand même, et mon père je crois bien qu’il était pas capable de vivre avec un autre homme, ça devait bien trop lui rappeler son père à lui, au temps où il vivait avec un autre homme qui était pas capable de vivre avec un autre homme. Alors il s’énervait, mon père, et il m’engueulait, mon père, et il me disait T’es pas chez toi ici. Et cette fois-là ç’avait été la dernière, la toute dernière fois ç’avait été, parce que le lendemain matin j’étais décidé, je partais de chez mon père et je revenais pas, et j’ai dit à mon père Je m’en vais je veux que t’ailles me reconduire à la 148, et mon père il a essayé de blaguer mais ç’a pas marché j’étais décidé et il a pas eu le choix et il est allé me reconduire à la 148 en pickup, et avant que je débarque il a essayé de me parler mais je voulais rien entendre, j’ai dit des paroles de reproche et je pleurais et j’étais en colère et je suis sorti du pickup et mon père est reparti en pickup et moi j’ai fait du pouce vers l’est et je suis rentré chez ma mère dans le Bas-du-Fleuve et j’ai plus jamais travaillé pour mon père et j’ai plus jamais habité avec mon père, à partir de ce jour-là c’était fini pour moi la maison du père. Mais avant ça je travaillais encore pour mon père, je faisais les foins pour mon père. Il avait une ferme de bisons, mon père, et faire les foins c’était surtout conduire des tracteurs, du matin au soir conduire des tracteurs, conduire des tracteurs dans les champs et conduire des tracteurs sur les chemins, et conduire aussi le pickup de temps en temps. Et c’était bien parce que j’aimais ça moi conduire, conduire toute la journée ça m’allait bien, je conduisais et j’écoutais la radio et j’écoutais les cassettes de musique que j’avais apportées avec moi. Et ce qu’il fallait faire il fallait attacher des machines derrière le tracteur et ratisser le champ au complet, d’abord en faisant le tour du champ deux ou trois fois sur la circonférence et puis ensuite à l’intérieur des cercles faire des lignes droites ou presque droites comme des rangs de labour. Et puis il y avait plusieurs étapes, il fallait d’abord faucher avec la faucheuse et puis il fallait attendre un jour ou deux que ça sèche et puis il fallait racler avec la racleuse et puis attendre encore que ça sèche et puis enfin il fallait baller avec la balleuse et puis il fallait rassembler les balles au même endroit, c’étaient des grosses balles rondes pour les lever il fallait le tracteur, il y avait des longues piques en fer sur la pelle devant et des longues piques en fer sur l’hydraulique derrière et on allait d’un bout à l’autre du champ on piquait les balles et on les levait avec la pelle ou l’hydraulique et on les regroupait toutes au même endroit, et puis après il fallait les charger sur des remorques on appelait ça des trailers et puis après il fallait tirer les remorques avec le tracteur ou avec le pickup, parfois on mettait deux remorques une derrière l’autre c’était très lourd, et il fallait conduire sur les routes parce que mon père il faisait du foin sur des terres qu’il louait un peu partout alentour, et il fallait être prudent en descendant les côtes avec les remorques parce que c’était très très lourd, si on s’était pas mis en deuxième vitesse, si on s’était mis en troisième ou en quatrième par exemple on aurait pas pu se ralentir sur la compression et les freins ils auraient pas suffi et on se serait mis à accélérer et accélérer et on aurait pu se tuer en prenant le fossé ou en rentrant dans une auto ou un camion ou je sais pas quoi. Voilà ce que c’était, faire les foins et puis le soir je mangeais avec mon père et ma belle-mère et aussi mes demi-soeurs qui étaient des bébés et puis après parfois je regardais la télé avec mon père et ma belle-mère, mais parfois aussi je sortais sur la véranda et je fumais des cigarettes et je lisais, j’avais apporté des livres avec moi, j’avais demandé à mes profs de Cégep de me suggérer des livres à lire, j’avais un Philip Roth et aussi Les Mille et une nuits dans la traduction de Mardrus et aussi d’autres livres encore je me rappelle plus lesquels. Et puis parfois aussi j’allais prendre une marche alentour et je fumais un joint, j’avais apporté un peu de verdure avec moi mais pas assez pour tout le temps des foins, alors après un moment je commençais à m’ennuyer, j’avais plus rien à fumer et puis j’en avais marre de passer mes soirées devant la télé ou bien à lire et à rien faire et à pas voir les copains ni les copines. J’avais dix-sept, dix-huit ans et c’était l’âge qu’on a envie de voir du monde et des copains et des copines et de fumer des joints et tout et tout. Et j’avais encore un ami en Outaouais, dans un village pas loin, Saint-André-Avellin que ça s’appelait et parfois j’allais le voir il restait chez un ami à lui qui était sur le Bien-être social dans un appartement tout crade et dans l’appartement il y avait d’autres jeunes qui se tenaient là et ils fumaient et ils faisaient de la mesc et du buvard et tout ce qui leur tombait sous la main. Et je me rappelle quand j’arrivais moi j’étais tout en santé et tout excité, ça faisait des jours des semaines que je faisais que conduire des tracteurs et bien manger et me coucher tôt et presque pas fumer et tout ça, alors qu’eux ils étaient tout amortis tout blêmes tout maigres d’avoir trop fumé et trop pas mangé et trop pris de chimique et tout ça. Et moi j’allais là et je passais quelques jours avec eux et je me mettais à faire comme eux, je me mettais à fumer et à prendre du chimique et tout ça. Et on mangeait presque pas parce qu’on avait pas d’argent, moi j’avais de l’argent, je faisais les foins pour mon père alors j’avais de l’argent, mais eux ils avaient pas d’argent et ils mangeaient pas ou presque pas et moi je faisais comme eux je mangeais pas ou presque pas. Et mon meilleur copain de là-bas, celui que j’allais voir, celui qui m’avait invité dans l’appartement de son ami à lui à Saint-André-Avellin, mon copain on l’appelait Peanut il se lavait plus, il dormait toute la journées et il puait, et les autres commençaient à lui suggérer en douce d’aller prendre une douche, il dégénérait le copain et il s’était fait un tatouage maison sur la main c’était tout croche tout barbouillé, et il dormait tout le temps il disait que quand on dort on sent pas la faim. Et après quelques jours de cette vie-là j’en avais assez moi de cette vie-là et je retournais chez mon père, et le jour je travaillais et le soir je regardais la télé ou bien je lisais et puis avec un peu de chance je rapportais de quoi fumer. De toute façon il fallait que je retourne à la ferme, il y avait du travail, les congés j’en avais juste quand il pleuvait, parce que quand il pleuvait on pouvait pas faire les foins, fallait du temps sec pour faire les foins, alors c’est quand il pleuvait que j’allais voir les copains à Saint-André-Avellin et quand le beau temps revenait je devais rentrer mon père venait me rechercher. Mais parfois il pleuvait juste une journée, j’avais juste une journée de congé et c’était trop court pour aller voir les copains ou bien j’avais pas envie d’aller voir les copains et au lieu de ça je décidais d’aller à Ottawa, je décidais d’aller tout seul à Ottawa sur le pouce. Je savais qu’on annonçait de la pluie ce jour-là, ou bien juste que le foin était en train de sécher et il y avait rien à faire, et mon père me disait Ok tu peux partir on pourra pas travailler demain et alors je faisais mon petit sac et le matin tôt je partais vers Ottawa sur le pouce. Pourquoi Ottawa, je sais pas pourquoi Ottawa, parce que c’est une grande ville, Ottawa, pas une si grande ville que ça, mais une grande ville quand même, et c’est ce que je cherchais, la grande ville, parce que c’était exactement le contraire de la ferme de mon père, qui était en rase campagne, et j’en avais marre moi, de la rase campagne, je voulais le contraire de la rase campagne, je voulais la grande ville. J’aurais bien voulu aller à Montréal, mais Montréal c’était trop loin pour y aller et revenir en une seule journée, alors j’allais à Ottawa, c’était plus près Ottawa, c’était peut-être moins grand et moins excitant que Montréal, mais pour moi c’était quand même grand et quand même excitant, Ottawa, quand on a passé des semaines en rase campagne on trouve ça grand et on trouve ça excitant, Ottawa. Alors je demandais à mon père d’aller me reconduire à Thurso, sur la route 148, et je partais tout seul vers Ottawa sur le pouce. Mais Ottawa c’est de l’autre côté de la rivière, je veux dire la rivière des Outaouais, Ottawa c’est en Ontario, et le mieux que j’avais trouvé pour aller à Ottawa c’était pas de passer par le pont à Hull juste en face d’Ottawa, le mieux c’était de prendre le traversier à Thurso ou à Masson et de faire du pouce de l’autre côté de la rivière, en Ontario. Alors je prenais le traversier à Thurso ou bien je faisais du pouce sur la 148 jusqu’à Masson et puis je prenais le traversier là-bas. Je montais à pied sur le traversier ça me coûtait presque rien. J’aimais ça, prendre le traversier, je me sentais comme en voyage, avec le vent dans le visage et l’eau bleue et le ciel bleu et tout et tout, c’était comme si je partais à l’aventure, quand je prenais le traversier sur la rivière des Outaouais. Et puis de l’autre côté je faisais encore du pouce vers Ottawa, je faisais du pouce sur l’autoroute ontarienne. Je connaissais pas bien l’autoroute ontarienne, les noms sur les panneaux ils me disaient rien, les seuls que j’avais retenus c’était Clarence et Cumberland parce que c’était les endroits juste en face de Thurso et de Masson et que c’est là qu’on arrivait en traversier. Et puis j’avais aussi retenu Orléans parce qu’à Orléans on pouvait déjà prendre un autobus pour Ottawa, un autobus de ville je veux dire, Orléans c’était déjà un peu la banlieue d’Ottawa, il y avait un centre commercial, et c’était bien pratique cet autobus, surtout au retour pour sortir de la ville et prendre la route on pouvait prendre l’autobus jusqu’à Orléans et voilà, on était sorti de la ville et on prenait la route. Et je me rappelle pas grand-chose de la route, je sais juste qu’à l’aller souvent j’avais rien à fumer, que c’était aussi pour ça que je montais à Ottawa, pour acheter de quoi fumer. Soit j’avais un lift jusqu’à Ottawa, soit j’avais seulement un lift jusqu’à Orléans et là je prenais l’autobus, mais d’une manière ou d’une autre je finissais par arriver à Ottawa. Au début c’étaient juste des maisons en brique et pas en brique et des rues propres, et puis finalement je me retrouvais dans le centre-ville d’Ottawa, et il y avait le Parlement c’était gros et vieux et impressionnant, le Parlement. Et je marchais dans le marché By, c’est toujours par là que je me retrouvais, dans le marché By, comme si la ville elle penchait vers le marché By. Et juste de voir plein de gens et des cafés et des boutiques j’étais super excité, moi, de marcher dans le marché By. Et je passais la journée à marcher. J’achetais des cigarettes et j’achetais des beedies, c’étaient des espèces de cigarettes indiennes brunes et qui goûtaient drôle. Et puis j’achetais des fringues, des t-shirts et des shorts, et puis j’achetais des choses pour fumer, du papier à rouler et une pipe, ce genre de choses, j’achetais plein de trucs j’avais de l’argent je travaillais, quand j’étais chez mon père je faisais rien d’autre que travailler et piler de l’argent, même si j’avais voulu dépenser mon argent j’aurais pas pu, en rase campagne il y a pas d’endroit où dépenser son argent, on est comme qui dirait forcé de se le garder, son argent. J’achetais des trucs dans les boutiques et puis je cherchais de quoi fumer dans la rue. J’essayais de repérer des jeunes un peu punks ou un peu grunchs ou un peu crades d’une manière ou d’une autre, le genre de jeunes susceptibles d’avoir quelque chose à fumer. Et je me rappelle devant le centre commercial j’avais fini par repérer des jeunes comme ça, des jeunes un peu punks qui étaient assis sur un banc et qui avaient l’air un peu louches par leur attitude et par leur style punk. Et alors moi je les avais approchés et je leur avais demandé s’ils avaient de quoi fumer, je leur avais demandé en anglais s’ils avaient du pot ou bien du hasch et ils m’avaient répondu que oui, ils avaient du pot et moi je leur avais acheté un trois-et-demi de pot, j’ai dû leur donner 35 ou 40 dollars et je suis reparti. Voilà ce que je faisais à Ottawa, j’achetais du pot et des t-shirts et du papier à rouler et une pipe et je marchais beaucoup et après je repartais, il fallait vite repartir, ça passait vite une journée. Alors je trouvais l’autobus qu’il fallait prendre pour sortir de la ville et aller à Orléans et je montais dans l’autobus et je sortais de la ville et j’allais à Orléans et je descendais à Orléans. Je parlais presque à personne, à Ottawa, de toute façon je parlais mal l’anglais, alors je parlais presque à personne, sauf pour demander Avez-vous quelque chose à vendre ? Do you have something for sale ? et voilà que déjà je repartais, je prenais l’autobus et l’autobus arrêtait à Orléans, et je descendais de l’autobus et je rejoignais la route et je levais le pouce vers l’est. Et je me rappelle une fois au retour d’Ottawa j’avais mon trois-et-demi dans la poche et je faisais du pouce sur le bord de l’autoroute et ça prenait pas le pouce et j’avais envie de fumer un joint alors j’étais descendu sous un viaduc je m’étais caché et j’avais roulé un joint et j’avais fumé mon joint assis dans la pelouse sous le viaduc. Et il était pas bon, ce pot, pourquoi je me rappelle qu’il était pas bon, ce pot, c’était tellement important pour nous à cet âge-là cette verdure qu’on fumait, on en fumait tellement on était devenus des genres de spécialistes, on savait très bien faire la différence entre du bon pot et du mauvais pot. Et ce pot-là, c’était du mauvais pot, il était pas bon, le pot d’Ottawa, mes copains ils auraient pas été surpris d’apprendre qu’il était pas bon, le pot d’Ottawa, pour nous Ottawa c’étaient les autres c’étaient les anglais et les autres les anglais ils y connaissaient rien, au pot. C’était du mauvais pot mais c’était pas si important après tout, j’étais allé à Ottawa, j’avais pris la route tout seul par mes propres moyens et j’avais marché dans la grande ville et j’avais acheté ce que j’aimais avec mon propre argent que j’avais moi-même gagné et c’est tout ce qui comptait. Et qui c’est qui s’excite encore de juste aller à Ottawa une journée et de marcher dans le marché By et d’acheter des t-shirts et du papier à rouler dans les boutiques, et d’acheter du mauvais pot sur la rue, personne s’excite plus de ça et puis c’est bien triste, moi-même je m’excite plus de ça aujourd’hui, aller à Ottawa ou aller ailleurs, on s’excite plus comme avant d’aller dans la grande ville, juste d’aller à la ville par nos propres moyens et y faire ce qu’on veut comme on veut et marcher et acheter et repartir. Oui c’est bien triste qu’on s’excite plus d’aller à Ottawa, riez riez mais moi je trouvais ça très excitant d’aller à Ottawa et retour en une seule journée l’été quand je travaillais chez mon père et que jour après jour c’était la même chose, c’était conduire des tracteurs et puis regarder la télé et puis lire et puis le lendemain ça recommençait, parce que c’était l’été et je faisais les foins chez mon père, en Outaouais, mais que je m’ennuyais des fois à faire les foins chez mon père.