Intervenants :
Description des conférences ici.
Synthèse proposée par Elizabeth Collin et Mathilde Penasa
On n’utilise jamais un disque de la même façon pour le même public. C’est la raison pour laquelle on fait des remixes. La mémoire a besoin de nouveauté. Il faut perpétuellement actualiser ses fichiers d’archives.
« Agir à l’échelle mondiale, penser à l’échelle locale. » C’est ce que, à l’ère du sample, le DJ-ing nous enseigne. Le sample est un questionnement sur le sens que nous donnons à une chanson. (…) C’est du recyclage — Miller
Il est difficile d’évoquer la musique populaire sans garder à l’esprit l’image des studios d’époque, avec des dizaines de câbles au sol qui s’entrecroisent, des tables de mixage énormes et des heures de travail de découpe et de collage de bandes des années 60 et 70. Pourtant, comme l’indique Nick Prior[1] (2012), cette réalité du travail du musicien a bien évolué et s’accompagne depuis les années 80 d’un outil essentiel : le numérique. Celui-ci permet le renouvellement de la musique d’un point de vue pratique : les créateurs gagnent de la place et du temps, mais ils gagnent surtout une définition du son qui n’était pas envisageable à l’époque. Ces années marquent l’essor de nouveaux équipements : synthétiseurs, séquenceurs, boîtes à rythmes, ordinateurs Commodore 64, interfaces MIDI, mais parallèlement, elles circonscrivent de nouvelles manières de diffuser la musique. En effet, c’est en 1982 qu’apparaît le premier vidéo-clip, Thriller de Michael Jackson, sur la chaîne MTV. Dès lors, cet évènement musical se pose également comme un avènement communicationnel, puisque l’industrie du disque explose. Cette évolution dans la manière de diffuser la musique en génère une autre : celle du mode d’écoute. Cette transformation a poursuivi son évolution et elle se place, aujourd’hui plus que jamais, au cœur de la réflexion sur la création et la diffusion de la musique populaire. Ainsi, le progrès numérique ne peut se concevoir ici que dans une interdépendance avec la dimension sociale de la musique ; il nous a imposé de changer notre attachement aux objets musicaux (passage d’une valeur du vinyle à celui du CD, puis à la bande-son dématérialisée).
C’est dans cette définition du numérique comme interface de partage et d’échange que prennent racine les interventions de Serge Lacasse et de Guillaume Déziel, recoupées sous le thème « Musique et diffusion numérique ». Tous deux évoluent dans des mondes de la musique différents : Guillaume Déziel est conseiller en développement artistique, tandis que Serge Lacasse est professeur de musicologie à l’Université Laval. Ils tentent à leur manière d’éclairer l’importance du numérique dans la production musicale – production au sens de conception, d’invention, mais également au sens de transmission, de distribution. Il s’agira peut-être alors de voir en quoi le numérique joue un rôle « d’acteur social », notamment à travers les démarches identitaires que peut produire un remix, mais également par une refonte des droits relatifs à la distribution de la musique. Continuer la lecture de Musique et diffusion numérique : Serge Lacasse et Guillaume Déziel (13 octobre 2016)