Stratégie de communication et médias numériques. Nécessité, mal nécessaire ou ego trip ?

feuillesLa question revient constamment, elle était autour du BBQ, hier, avec Clément, alors que le poulet crépitait. Maintenir le blog, oui, mais pourquoi ? Pourquoi refuser de le fermer, comme je ne m’en sers presque pas ? Parce que. Espoir de trouver du temps ? Illusion de pouvoir m’en servir plus activement ? À tout le moins, garder l’impression d’un espace perso, d’un point de chute potentiel, d’un lieu pour une écriture libre. Mais le temps manque cruellement, le recul se fait rare, les obligations prennent le pas sur les moments de réflexion – les pistes, ou plutôt les sorties intellectuelles hors piste, viennent à la faveur (…) de certaines insomnies d’estomac dérangé, comme les notes de ce texte, vers 2h35. 

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La question est à la fois démentiellement simple et pourtant sans réponse. En contexte universitaire comme le mien, quel espace numérique (« médiatique ») peut-on, doit-on occuper ?

Un exemple, pour rendre le tout plus concret : si j’organise un événement portant sur le numérique, dans le contexte du Laboratoire Ex situ que je dirige, quelle stratégie de communication choisir ?

S’offrent à moi :

  • diffusion par des sites : calendrier des événements du site de l’Université Laval, site de l’ITIS (Institut Technologies de l’information et société), site de la Faculté des lettres et sciences humaines, site du Département des littératures, site de mon centre de recherche (le CRILCQ), site du Laboratoire Ex situ, ce blog – ainsi que leurs fils RSS (RS quoi ?)
  • c’est sans compter la page officielle ayant la responsabilité de renseigner les curieux sur cet événement : un de ces lieux ou un site spécialement monté pour l’événement ?
  • diffusion par courriel : liste de l’ITIS, bulletin du Département des littératures et du CRILCQ, liste maison constituée pour le Café numérique, courriels perso et, à une autre échelle, la liste Humanist et la liste DH@cru.fr
  • diffusion par Facebook : comptes du CRILCQ, du Laboratoire et le mien
  • diffusion par Twitter : comptes du Labo et le mien – avec relais probable des fidèles Benoît Melançon, François Bon et Jose Afonso Furtado…
  • … et c’est sans compter quelques refus personnels : LinkedIn, Google+ (Google quoi ?), etc.

À ces lieux s’ajoutent différentes variables :

  • à quel moment de l’année doit-on publiciser un événement ? à la fin de l’automne, tout le monde déborde et est saturé ; en avril-mai, c’est le temps des colloques et des rattrapages de fin d’année ; au début de l’automne, c’est la frénésie de la rentrée… et en été, personne ne lit vraiment (d’où l’idée initiale de retarder à la fin août la publication de ces notes rédigées le 28 juillet – finalement non, si ce topo intéresse, il fera son chemin…) => hypothèse : fin septembre
  • plus encore : quel jour de la semaine doit-on favoriser ? le lundi, tout le monde démarre ; le vendredi, tout le monde songe à s’évader ; le jeudi est la journée des 5 à 7… => hypothèse : le mardi
  • plus plus encore : à quelle heure du jour publier un texte, considérant les pointes dans la charge de travail des journées mais aussi les moments d’attention combinés des Nord-Américains et des Européens ? => hypothèse : vers 10h (heure de l’Est)
  • et quel délai avant l’événement ? si on s’y prend très tôt, on réserve des gens, l’attention est captée mais le soufflé a le temps de s’écraser ; si on s’y prend à la dernière seconde, on profite de l’attention subite mais plusieurs seront indisponibles… et quelle(s) relance(s), à quelle fréquence, faire pour maintenir l’intérêt et l’attention ? dans les mêmes lieux ? dans des lieux différents ? => hypothèse : lancement 6 semaines à l’avance, relances hebdomadaires dans des lieux différents

Quelle visibilité assurer durant l’événement lui-même ?

  • choisir et faire connaître un hashtag (mot-clic) pour Twitter
  • offrir un carnet web partagé (style Etherpad) ou un wiki pour que les participants puissent prendre des notes et se commenter les uns les autres
  • diffuser simultanément l’événement en audio ou en vidéo
  • rendre disponibles des images de l’événement par un compte Instagram ou par un blog mis à jour aux heures

Quelles suites donner à l’événement ?

  • diffuser les interventions sous forme de podcast
  • rendre disponible le carnet de notes (Etherpad) pour donner à sentir le rythme et la teneur des échanges
  • faire un site de synthèse de l’événement : synthèse du contenu ou synthèse des réactions publiées ailleurs sur le web
  • faire une publication scientifique – livre, revue, papier, numérique, web, alouette
  • … et c’est sans compter les relais qui nous échappent : le journal de l’Université (Le Fil), la revue de l’Université (Contact), les outils de communication des organismes subventionnaires qui financent les recherches…

Tout ceci (et encore plus) est de l’ordre du possible (et de l’actuel : on pourrait faire la nomenclature de moyens tous plus originaux les uns que les autres pour activer une frénésie médiatique).

Est-ce une nécessité ?

  • la stratégie de communication augmente la visibilité de l’événement
  • elle joue un rôle très important sur le capital symbolique
    • celui des participants
    • celui de l’institution qui accueille
    • celui des unités de recherche impliquées
    • celui, évidemment, de l’organisateur
    • celui, par ailleurs, du thème de recherche (qui se trouve mis à l’avant-plan et validé par cette diffusion)
  • elle contribue à démontrer la rentabilité sociale du thème de recherche (rendre visible le sujet des recherches, c’est s’ouvrir hors des murs de l’institution et donner à saisir ce qui s’y fait)

Est-ce un mal nécessaire ?  La nécessité est démontrée, mais elle a ses inconvénients :

  • il y a peu de ressources pour gérer cette stratégie : en contexte universitaire, peu de gens compétents pour la réaliser, peu de temps à consacrer à une telle tâche ambitieuse… le tout se fait souvent par les acteurs eux-mêmes, dans le meilleur des cas avec l’aide d’une petite équipe volontaire et débrouillarde
  • un risque patent est celui de la surdose d’information auprès des abonnés/followers fidèles, qui verront se répéter à l’envi les mêmes annonces dans des lieux différents mais animés par les mêmes personnes
  • survient ainsi une démultiplication de l’information, oui, mais tout autant, pour le responsable, une démultiplication des échanges (threads), des interlocuteurs, des lieux où faire de la veille de réactions/commentaires, des commentaires eux-mêmes à lire, à relayer, à commenter en retour…

Est-ce un ego trip ?

  • où tracer la ligne entre une information juste et un délire obsessionnel d’occupation du territoire médiatique numérique ?
  • comment savoir si la multiplication des lieux ne fait pas que ressasser l’information auprès d’un même public potentiel ?
  • quand commence la pure et simple mise en scène de soi ?
  • à partir de quand se transforme-t-on, comme chercheur, comme unité de recherche, en marque de commerce ?

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Le blog lui-même est une forme d’ego trip. Mise en scène de sa pensée, de ses opinions, de son importance dans le discours social (qu’on revendique le consensus ou qu’on préfère l’originalité d’une posture différente). Néanmoins, une large part de l’effet de la chose réside dans le ton retenu, bien sûr, et le blog (dans sa relative déshérence) est un outil à visibilité somme toute limitée – pour initiés, donc. 

Je le renouvellerai, mon blog, dans son visuel, peut-être son nom aussi – bien que j’aime beaucoup l’idée du regard perso, la marginalité de Palomar et l’ascendance de Calvino… Les questions demeureront : quel ton retenir ? qu’y publier ? où écrire les premières versions : sur papier (la nuit), dans un courriel, dans Word ou Pages, dans Evernote, directement dans WordPress ? Quel moment (ou quelle durée) m’autoriser en regard de mes autres obligations professionnelles ? Quelle fonction de déblayage de mes idées, de mes écrits lui associer ? (en public ou en privé ?)

La question de communication, elle, reste entière. Elle se négocie sûrement au cas par cas, sans compter le fait que les moyens évoluent eux-mêmes très rapidement (on a peine à croire que Facebook ne sera plus (ou plus le même) dans quelques années à peine). Et les choix seront souvent guidés par des paramètres idéologiques (alimenter ou non la bête Facebook ?) et par l’identification de publics spécifiques – spécifiques aux événements, spécifiques aux plates-formes.

Persiste néanmoins une petite inquiétude à l’égard de la dérape possible. Je la vois comme un sain réflexe critique. Elle incite parfois à se retirer, à faire les choses seul de son côté. C’est bien ce que j’irai méditer, en vacances, les pieds dans l’eau, me plaignant seulement de ne pas voir le soleil se coucher à l’horizon sur le plat de l’eau.

PS : Je ne publicise pas ce texte, seule sa publication sur blog atteste de son existence. On verra bien…

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La culture numérique, un défi pédagogique

imageIl le faut, oui. Donner l’occasion aux étudiants de premier cycle de plonger dans la culture numérique, d’en acquérir certaines bases et des repères. En faire de meilleurs citoyens pour les décennies prochaines… L’objectif est noble. Nos programmes d’enseignement ne peuvent plus en faire l’économie. Pour l’hiver prochain, je monte un cours d’Approches de la culture numérique. Cours en ligne, au demeurant. Bien du plaisir à venir…

Néanmoins, depuis l’intention initiale jusqu’à la réalisation du projet, il y a nombre d’obstacles à contourner et d’enjeux à prendre en considération. J’en série quelques-uns ici, avant de poser les questions normales du balisage possible de ce cours.

Éléments de contexte

  • Le bagage des étudiants. Bien sûr, on ânonne sur toutes les tribunes que les étudiants d’aujourd’hui (ceux qui suivront le cours à l’hiver sont nés en… 1995 !) sont tombés dans la marmite étant (plus) jeunes, qu’ils pitonnent plus vite que leur ombre, qu’ils sont quelque chose comme (on a bien contesté le terme) des digital natives. Oui, mais foutaise aussi : il n’y a pas pour l’instant (ici au Québec, mais aussi un peu partout en Occident) de formation numérique, de moyens d’assurer une digital literacy. Habiles du « like » et du texto, ils ne connaissent pas le principe d’une feuille de style dans leur traitement de texte ni n’ont pas idée des principes derrière le codage. Ils ignorent la différence entre un blog et une revue savante numérique (j’exagère… à peine…). Ils ont une conscience bien théorique de l’historicité des pratiques culturelles en fonction de leurs supports.
  • L’attitude des étudiants. Particulièrement en études littéraires, les étudiants ne sont pas d’emblée les plus portés sur l’expérimentation autonome. Plusieurs nous arrivent avec une belle nostalgie (d’où vient-elle ??) du livre papier, avec un certain conservatisme sur les formes de la littérature. Néanmoins, derrière leur bagage restreint et cette attitude feutrée, se cachent une grande curiosité et une ouverture – en autant qu’on leur donne les moyens de saisir ce qui se trame derrière quelques ovnis qu’on se plaît trop souvent à leur mettre sous le nez pour les faire réagir. À nous de les guider.
  • L’état des lieux des cours sur la culture numérique. Après une tournée des syllabus et des cours disponibles pour consultation, le constat est aisé : ce que l’on met sous « culture numérique » est tout sauf une réalité homogène. Ici des cours qui sont plutôt une initiation aux digital humanities, là d’autres qui se servent d’internet comme plate-forme d’écriture (au sens de création littéraire), là encore des approches historicisantes qui ne font arriver le numérique qu’aux deux-tiers du cours, là enfin des cours pratiques de bidouillage de code ou des approches plutôt socio-info-comm donnant une extension très large à l’idée de culture. Deux questions : quel cadrage proposer dans le cadre d’un programme multi-facettes comme notre baccalauréat en études littéraires ? quel cadrage favoriser autant pour intéresser que pour bien servir nos étudiants ?

Quelques balises

  • La culture au sens fort (?). Pour l’instant, l’idée est de cadrer le cours autour des pratiques culturelles (au sens de pratiques esthétiques), pour en voir la transformation des enjeux propres (autorité, notion d’œuvre, institutionnalisation, frontière des champs restreint/populaire, matériaux et forme des œuvres, circulation…). De cette façon, la multi-disciplinarité de mon département pourrait se trouver représentée.
  • L’idée d’une historicité. Comme on ne peut tout couvrir et tout faire, l’inscription historique se limiterait à une prise de conscience de la continuité d’une culture médiatique vers une culture numérique, à travers quelques éléments de micro-historicité des pratiques (évolution des pratiques de littérature numérique, par exemple).
  • Le numérique comme outil et comme objet. La dualité m’apparaît nécessaire. Les étudiants sont des chercheurs qui se plongent dans un monde balisé par des outils numériques, lesquels s’inscrivent en continuité dans le discours critique et la pratique créative. Ce double regard sera favorisé, pour qu’ils en soient conscients d’abord – mais aussi pour qu’ils l’expérimentent. Obligation, donc, d’un passage par quelques apprentissages techniques, pour en comprendre la logique (l’idée du code) et pour acquérir des bases minimales (manipulation d’un wiki, apprentissage des usages de la publication, etc.).

La réflexion et la préparation se poursuivent. Les échanges sont nécessaires pour mettre les idées au clair (merci à Marie-Ève de son accompagnement – elle interviendra sûrement ici dans les commentaires pour poursuivre cette mise en place). Vos réactions sont les bienvenues.

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Transmettre ou expérimenter ? Atelier sur l’enseignement de la culture numérique [màj]

AfficheSe tiendra, pour le plaisir des échanges non structurés et des expériences vécues, un atelier sur l’enseignement de la culture numérique le vendredi 12 avril 2013. Atelier ouvert, même si une quinzaine de collègues québécois ont été conviés. À l’édifice La Fabrique, à partir de 9h. Programme et détails ici.
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 

La journée a été très stimulante – quelques retours en témoignent :

– sauvegarde du hashtag #cultnum13 par Benoît Melançon :http://oreilletendue.com/wp-content/themes/subtleflux-fr/docs/cult_num_13_tweets.docx

– réflexion post-atelier dudit Benoît Melançon à propos de la formule de l’atelier (vaguement inspiré des unconferences du monde des digital humanities) : http://oreilletendue.com/2013/04/15/rajeunir-en-quelque-sorte-a-quebec/

– Storify constitué par Samuel Goyet : http://disciplecrit.hypotheses.org/83 (voir le lien au bas de la page)

– réflexion de Bertrand Gervais : http://oic.uqam.ca/fr/carnets/reflexions-sur-le-contemporain/transmettre-ou-experimenter

Si la productivité d’une journée d’étude se mesure à la publication qui lui fait suite, cet atelier aura été nullisime. Dommage qu’on n’ait pas une mesure d’impact qui calcule les connivences, projets communs, idées nouvelles intégrées aux cours, degrés d’ouverture sur de nouvelles façons de réfléchir et d’enseigner…

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À la page

Je me réjouis de voir une (relative) frénésie autour de la question de la page dans les interfaces numériques. Le domaine des livres numériques (ebooks) a accéléré cette réflexion stabilisée depuis la cristallisation des modes de circulation dans l’information avec les navigateurs web. Quelques pistes ici de ce qui s’est tramé récemment (et un peu moins récemment). N’hésitez pas à ajouter d’autres articles / illustrations en commentaires, pour consolider ce bilan, aussi provisoire soit-il.

Du côté des designers web et des penseurs de l’interface :

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Tout écran n’a pas forcément vocation à être entièrement rempli. De prime abord, il peut être très difficile de faire accepter cette idée : pensez à un écran dont la moitié inférieure est vide et qui envoie donc le signal d’une fin de partie… Mais l’objectif premier est de servir la logique du texte, d’articuler correctement certains passages dont il faut garder la cohésion

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The inconsistency in which the physical page is mimicked on a tablet leaves readers disoriented, unaware of their position in the context of the greater whole, and unable to easily scan back.

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Combattre la page, adapter la navigation dans des interfaces mobiles — choisir l’infinie verticalité :

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  •  La version 3.0 du logiciel iBooks, sur iOS, introduit l’infinite scrolling (abandon des pages au profit d’un long ruban de texte — nous voici revenus au temps des papyrus)

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  • Instapaper expérimente avec son tilt scrolling : la bascule de l’appareil sur l’axe horizontal fait avancer/reculer le texte

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Combattre la page, mais se caler sur l’écran — des navigations compensatoires :

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  • Edits Quarterly propose une navigation par écrans, où l’on passe d’une page à l’autre par le curseur vers le bas

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  • L’idée du flick-scroll : taper sur l’écran, au haut ou au bas, pour avancer d’une page-écran

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  • Snow Fall, un projet du New York Times qui intègre des contenus en fonction de l’avancée dans le texte, de façon fluide, en une forme d’animation

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  • À contre-courant totalement : une extension Google Chrome qui permet de transformer un contenu vertical en pages-écrans, à la façon d’une liseuse epub ou pdf (le gros chien grognon convient bien à cette illustration…)

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… De quoi s’amuser pour réinventer notre rapport avec le texte, pour le rendre plus saisissable immédiatement et plus flexible à la fois.

Addenda : comme Olivier Ertzscheid repropulse son article sur twitter (merci à lui), j’ajoute le lien ici : De quoi la page web est-elle le nom ? Ou l’enluminure du code

Jamais le « web » n’aura été aussi loin de la métaphore qui lui est habituellement associée : celle de la « page ». Cet espace particulier de scénarisation multipartite de discours, ce petit théâtre d’escamotages et d’interactions permanentes que, faute de mieux, nous continuerons d’appeler « page », s’éloigne toujours davantage de l’épure pour s’approcher du combat originel pour l’affirmation d’une pensée : il s’agissait alors de profiter au maximum de l’espace offert, d’en chasser l’absence, pour y inscrire autant de mots et d’images que possible, au risque de la surcharge. Hier le codex comme agrégation de pages en linéarité. Puis l’hypertexte entre livre de sable et la bibliothèque Borgesienne. Aujourd’hui le code. L’essentialité du code. L’enluminure du code. Le code comme enluminure.

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De fétichisme, d’aveuglement et de recentrement

 

Et le passage du livre aux images-écran? Je pense qu’il faut éviter d’en faire une fixation fétichiste (sur l’objet) — au détriment du phénomène de création (cela dit même si on parlait du texte, plutôt que du livre).

Clément Laberge, réaction à une lettre ouverte de « 13 étonnés » à propos du (non-) plan numérique du Québec.

 

il n’y a pas de conflit entre le livre et le livre numérique (il peut seulement y avoir paresse à quitter un vêtement pour un autre) – il y a la responsabilité nôtre d’aller explorer, même dans leur imperfection présente, les formes de comment se déplacent les usages du lire – de notre responsabilité d’interroger les récits qui se fondent sur l’appropriation numérique du monde, et ce qui s’induit intérieurement dans le passage en quelques décennies, pour l’image et son usage privé ou social, d’une économie de la rareté à celle de la collection et de la profusion

ne nous dissimulons pas le caractère fétiche du livre : l’utilisation d’appareils photo numérique, la massification des smartphones, ne provoque pas les vagues et les fureurs qui accompagnent la dématérialisation du livre

François Bon, brouillon de son Pecha Kucha à la BNF, dans le cadre des journées PNF-Lettres.

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Quelle place faire au numérique ? Le nommer, le décrire, le ghettoïser ? ou l’intégrer dans le continuum de nos pratiques, de nos écritures, de nos lectures ?

Je reste avec le profond sentiment que le mouvement actuel qui tend à vouloir discriminer les pratiques conventionnelles et les pratiques numériques tend à repousser plus avant le souhait des lecteurs de plonger dans ce nouvel univers — si tant est qu’ils n’y sont pas déjà, un peu à leur insu.

N’y aurait-il pas que la culture, dont les moyens continuent d’évoluer, de se moduler, de bouger, au profit de sa complexité et de sa richesse ?

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